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CHAP. XXIV. — LA PLACE MAUBERT

sédition, mais en se rappelant la part que Dolet avait prise dans les disputes entre les maîtres imprimeurs et les ouvriers et en nous souvenant aussi qu’il nous dit que sa première arrestation était l’œuvre des maîtres imprimeurs, nous sommes portés à croire que ce fut relativement à cette affaire qu’on l’accusa de sédition[1]. Il fut, de plus, accusé en général d’«autres cas par lui faits et commis depuis la rémission, abolition, et ampliation à luy donnée par le roy au mois de juing et Ier jour d’août 1543». Les choses se passèrent comme pour le premier procès ; le prisonnier fut amené devant le tribunal et interrogé, mais malgré la faiblesse qu’avait du lui causer sa longue captivité, il ne se montra nullement abattu, et, à en juger d’après la sentence qui fut prononcée, on ne put obtenir de lui aucun aveu. Mais outre les accusations directes faites contre lui, nous trouvons deux autres questions ayant trait à son procès. Le 6 septembre 1544, une requête fut présentée et entendue pour Charlotte, femme de Jean Mareault, et pour Jean Compaing (probablement frère et sœur de Guillaume Compaing), demandant que dans le cas où Dolet serait condamné et ses biens confisqués, il leur soit payé cinq cents livres tournois qui leur avaient été accordés par le sénéchal de Lyon et que, dans le cas ou Dolet serait reconnu innocent, ils demandaient à être entendus avant son acquittement au sujet de leurs intérêts concernant l’affaire. Une autre requête fut présentée par Jacques Devaulx, et entendue le 16 et 17 du même mois de septembre, requête dans laquelle ledit Devaulx dressait une liste des grands frais, mises et dépenses se montant à plus de mille écus, sans compter les peines vacations, pour la fuite industrieuse du diet Dolet, duquel il avait la charge pour le amener prisonnier à la Conciergerie du

  1. Avant l'accord du Ier mai 1543, il y avait eu quelques scènes entre de tumulte entre les maîtres et les ouvriers (Péricaud : Notes et documents, page 63), et il est fort probable que Dolet prit part à ces disputes, et comme ceci n'avait pas figuré parmi les chefs d’accusation de son premier procès, on pouvait considérer que ce délit n’était pas pardonné par la lettre de grâce du roi.