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CHAP. XXIV. — LA PLACE MAUBERT

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Voici la traduction de Dolet :

«Pour ce qu’il est certain que la mort n’est point aux vivants : et quant aux défunctz, ilz ne sont plus : doncques la mort les attouche encores moins. Parquoy elle ne peult rien sur toy, car tu n’es pas encores prest à deceder ; et quand tu seras decedé, elle n’y pourra rien aussi, attendu que tu ne seras plus rien du tout[1]

Le passage de l’original pris à part ne semble guère être d’accord avec l’argumentation générale, et il semble même être contraire à la doctrine de l’immortalité de l’âme, bien qu’il n’en soit nullement ainsi lorsqu’on rapproche ce passage de son contexte[2], mais la Sorbonne elle-même n’aurait guère pu avoir la hardiesse d’accuser Platon (à qui le dialogue était alors attribué par plusieurs personnes) de nier l’immortalité de l’âme, il fallait donc trouver à redire à la traduction. Le 14 novembre 1544, la Faculté de théologie se réunit dans la grand’salle de la Sorbonne. «On lut une phrase d’un certain livre de Platon traduit en français par un nommé Dolet laquelle dit : après la mort tu ne seras plus rien du tout. On la jugea hérétique, conforme à l’opinion des Saducéens et des Épicuriens, et, en conséquence, on confia aux députés en matière de foi le soin de formuler une censure sur ledit livre[3]

Voici ce que déclara la censure :

«Quant à ce dialogue mis en français intitulé Acochius (sic), ce lieu et passage, c’est à scavoir, attendu que tu ne seras plus

  1. Voici la traduction d’Agricola : « Quoniam neque circa viventes est : hi vero qui obierunt non sunt amplius. Itaque neque apud te est nondum enim obiisti : neque si quid tibi accidat, est circa te futura non enim enris.»
  2. Bien que Socrate semble adopter le sentiment qu’il exprime, il ne fait que rapporter un argument qu’il a entendu énoncer par Prodicus et don : simplement pour expliquer ses propres
  3. D'Argentré : Collectio Judiciorum, vol. I. p. XVI ; Procès d'É. Dolet, p. 3.