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ÉTIENNE DOLET

pas arrêté à Lyon, mais ailleurs, peu après avoir quitté la ville et peu de temps avant le mois de septembre. Dans la lettre à François Ier, mise en tête des deux dialogues[1], Dolet affirme que son but principal, en quittant le Piémont, était de se rendre au camp royal en Champagne, afin d’obtenir lui-même, chose qui lui paraissait facile, la grâce du roi pour s’être échappé de prison. Or, dans cette même année (1544), au moment où paraissait à Lyon le Second Enfer, ou peu après une autre édition de cet opuscule, accompagnée de plusieurs compositions de Marot, fut imprimée à Troyes en Champagne par Nicole Paris[2]. Les poèmes de Marot sont judicieusement choisis, ils répondent au but que Dolet se proposait — à savoir : s’attirer la bienveillance du roi. Ils comprennent l’épître de Marot au duc d’Orléans, lui demandant d’intercéder auprès de son père pour obtenir que le poète fût rappelé d’exil, plusieurs compositions pieuses et très catholiques à la louange de la Vierge et de Notre Seigneur, et un dernier poème adressé au roi.

J’ai déjà dit que je crois que la femme de Dolet était née à Troyes ou y avait des parents (Troyes était alors le grand centre de la fabrication des papiers en France), et il me semble probable que Dolet, après avoir confié son manuscrit à sa femme ou à quelque ami sûr pour le faire imprimer, quitta Lyon (voyant peut-être que sa présence était connue ou soupçonnée) et partit pour Troyes, afin de se rendre au camp royal, si le roi s’y trouvait, qu’une fois à Troyes il se décida à faire imprimer son Second Enfer d’après un second manuscrit qu’il avait emporté avec lui, ayant l’intention de l’offrir à François Ier, enfin je crois qu’il fut arrêté à Troyes par Jacques Devaulx, le messager de justice de Lyon, qui réclama ensuite mille couronnes pour ses frais et débours à l’occasion de la fuite et de l’arrestation de Dolet, et qui, nous pouvons le supposer, avait su la présence de Dolet à Lyon, et de là l’avait poursuivi jusqu’en Champagne.

  1. Voir plus haut, p. 430.
  2. Sur cette édition, voyez l’appendice bibliographique.