Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/465

Cette page n’a pas encore été corrigée
439
CHAP. XXIII. — LE SECOND ENFER

du dictionnaire de Craston, de Gylle ou de Morrhius, par le premier venu qui eût pu lire l’alphabet grec ; de ce qu’on peut traduire ces quelques mots et ces vers, il ne s’ensuit pas qu’on puisse lire Platon dans l’original ; et une lecture attentive de la traduction des Epistolœ familiares et des Tusculanes par Dolet, ainsi que de ses autres écrits, me porte à croire qu’il avait acquis une certaine connaissance superficielle du grec, mais rien ne me prouve qu’il fut en état de lire Platon, ou surtout de traduire ses œuvres sur l’original. De plus une comparaison que j’ai faite de la traduction de l’axiochus de Dolet avec les versions latines d’Agricola et de Ficinus me fait voir clairement que la traduction de Dolet est faite sur celle d’Agricola, et non pas sur le texte original ; mais ceci ne veut pas dire que je croie que Dolet n’a pas consulté les originaux en s’aidant d’une ou de plusieurs traductions latines[1].

Le Second Enfer et les deux dialogues furent livrés à l’impression par Dolet pendant son court séjour à Lyon , mais il n’est pas probable qu’il pût en surveiller lui-même la publication, car tous ses biographes supposent que quelques jours après son arrivée à Lyon il fut découvert et arrêté. Toutefois il n’y a pas de preuves, et je suis disposé à croire qu’il ne fut

  1. Le dialogue intitulé Axiochus, quel qu’en soit l’auteur, était au seizième siècle plus populaire qu’aucune des œuvres authentiques de Platon. Quatre traductions latines différentes de ce dialogue avaient paru avant 1544, et deux de ces traductions avaient eu de nombreuses éditions. Celle qui fut imprimée la première était celle de Marsilius Ficinus, qui attribua l'ouvrage à Xénocrate. L’Axiochus fut imprimé, avec la traduction d’Iamblicus et d’autres écrits, par Alde en 1497, et ensuite en 1516. Huit autres réimpressions au moins parurent avant 1540. Le dialogue avait cependant été traduit par Rodolphe Agricola; la première édition de sa traduction que je connaisse parut à Anvers en 1511. Elle fut réimprimée en 1515, deux fois en 1538, et ensuite en 1558. En 1523 Pirckheimer publia une traduction à Nuremberg, et en 1542 on imprima à Paris, et réimprima l’année suivante à Bâle, une édition du texte grec avec une traduction de Joachim Périon. De ces traductions je ne connais que celles de Ficinus et d’Agricola, que j’ai comparées toutes les deux avec la version française de Dolet. Je ne connais aucune traduction de l’Hipparchus imprimée avant 1544, si ce n’est celle de Ficinus.