Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/463

Cette page n’a pas encore été corrigée
437
CHAP. XXIII. — LE SECOND ENFER

pour savoir s’il connaissait la langue grecque. Duverdier affirme qu’il était «bien vers" ès langues Grecque et Latine». Baillet est du même avis. La Monnoye cependant, dans son édition des Jugemens des Savans[1], dit :

« Pour Dolet il ne me paraît point par ses œuvres qu’il ait su le grec. Ses prétendues versions de l’Hipparchus, de Platon, et de l’Axiochus, ont été faites d’après les interprétations latines. » Maittaire cite ce passage, mais il parait disposé à croire plus volontiers l’affirmation de Dolet, qui dit avoir consacré beaucoup de temps et de travail à l’étude du grec et du latin[2].

Cependant Née de la Rochelle, tout en admettant que l’argument de Baillet a peu de poids, essaye avec beaucoup d’ingéniosité de combattre l’assertion de La Monnoye, et de montrer que Dolet était un helléniste. Il se fonde[3] d’abord sur l’affirmation de Dolet lui-même qui, dans sa Manière de bien traduire, dit que la lecture des auteurs latins et grecs était sa principale occupation ; ensuite sur le privilège que lui avait accordé François Ier pour imprimer les livres grecs, latins, français et italiens, composés, traduits, revus, corrigés, expliqués ou annotés par lui ; troisièmement il déclare qu’il eût été impossible à Dolet de comprendre ou de traduire les œuvres de Cicéron sans comprendre le grec, puisque Cicéron fait souvent usage de mots grecs, cite dans ses livres un grand

  1. Vol. 1 , partie 2, p. 43.
  2. Maittaire : Ann. Typ. vol. III. p. 83. M. Boulmier s’est étrangement mépris au sujet de la remarque de Maittaire. Il dit (p. 213) : «Maittaire, qui produit en note cette assertion du savant Dijonnais (La Monnoye), la combat au moyen d’un argument plus spécieux que solide, en invoquant l’autorité de La Croix du Maine et de Duverdier, tous deux probablement versés dans la langue grecque.» C’est tout le contraire de ce que dit Maittaire. Il démontre que Baillet se trompait en citant La Croix du Maine pour prouver que Dolet connaissait le grec, puisque l’écrivain ne dit rien à ce sujet, et bien qu’il considère que La Monnoye a tort en disant que Duverdier ne savait pas un mot de grec, son opinion se fonde non pas sur ce que pense Duverdier, mais sur l’assertion même de Dolet.
  3. Vie de Dolet, p. 71.