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ÉTIENNE DOLET

Il promet au roi qu’à l’avenir il ne se rendra jamais coupable de ce crime :

Quant au surplus je m’en deporteray,
Et ton vouloir en tout je parferay :
Car s’il te plaist me défendre tout court,
Que, veu le bruict, que partout de moy court ,
Je n’aye plus à livres imprimer
De l’Escripture ; on me puisse opprimer,
Si de ma vie il en sort ung de moy ;
Et si j’en vends, tomber puisse en esmoy
De mort villaine ou de flamme ou de corde
Et de bon cœur a cela je m’accorde.

Bien qu’ici comme ailleurs il paraît avoir prévu le sort qui lui était réservé, — la hardiesse de son langage semble l’appeler, — il ne désirait nullement mourir. Au contraire, il demande au roi de lui accorder la vie, afin qu’il puisse la consacrer à étudier et à composer des ouvrages utiles à son pays :

Vivre je veulx pour l’honneur de la France
Que je prétends (si ma mort on n’avance)
Tant célébrer, tant orner par escripts,
Que l’estrangier n’aura plus a mépris
Le nom Françoys : et bien moins nostre langue
Laquelle on tient pauvre en tout harengue.

Alors, avec plus de vigueur que de prudence, il dénonce les ennemis de la littérature et de la culture intellectuelle aux mains desquels le malheureux roi venait de tomber et dont parfois, sans le vouloir, il était l’esclave, et il demande à François qu’on ne persécute pas les savants, mais qu’on les protège contre la méchanceté de leurs ennemis :

Permettras tu que par gens vicieux ;
Par leur effort lasche et pernicieux,
Les gens de bien et les gens de sçavoir,
Au lieu d’honneur, viennent a recepvoir