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CHAP. XXIII. — LE SECOND ENFER

la plus curieuse. Dolet y fait un récit du complot de ses ennemis qui avaient envoyé à Paris les deux paquets de livres, et il montre combien il est absurde de supposer qu’il ait pu faire chose pareille ; il parle de son emprisonnement et de sa fuite, et défend sa vie, ses opinions et ses actins. Il n'y a qu’un seul crime qu’il semble admettre, c’est que, depuis le pardon du roi, il a continué à vendre plusieurs livres des saintes Écritures ; c’est à cela que s’était bornée son offense :

Mais quelcques gens ne sont point à leur aise
De ce que vends, et imprime sans craincte
Livres plusieurs de l’Escripture Saincte.
Voyla le mal dont si fort ilz se deulent :
Voyla pourquoy ung si grand mal me veulent.
Voyla pourquoy je leur suys odieux :
Voyla pourquoy ont jure leurs grands dieux
Que j’en mourray, si de propos ne change
N’est-ce pas la une rancune estrange ?

Dans son épître aux chefs de la justice de Lyon, il est encore plus explicite à cet égard :

Or on scait bien, et bien scavoîr se peult,
Que la raison, dont de moy on se deult,
Et dont je suys poursuyvy par Justice,
N’est pour forfaict, et aulcun meschant vice,
Auquel je soys par trop abandonné.
C'est seulement que me suis addonné
(Sans mal penser) depuis ung temps certain,
De mettre en vente en François et Latin
Quelques livres de saincte Escripture.
Voyla mon mal, voyla ma forfaicture
Si forfaicture on la doibt appeler.
Mais si au Roy il plaist me rappeler
Et faire tant, que ce malheur me sorte,
Je suys content, que le Diable m’emporte.
Ou qu’on me brusle, ou qu’on me face pendre,
Si pour tel cas jamais tombe en esclandre