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ÉTIENNE DOLET

Les membres de la famille de Dolet attendaient sa visite, ils avaient même reçu, paraît-il, des renseignements discrets sur ce qu’il y avait à faire. En arrivant à la maison, Dolet frappa à la porte qui donnait sous la voûte sombre ; on n’ouvrit qu’à moitié pendant un court instant, après avoir feint d’hésiter ; la personne parut terrifiée en voyant les gardes et leur referma immédiatement la porte au nez. Dolet cependant réussit à pénétrer sous la voûte ; le concierge et les sergents, ne connaissant pas la localité, suivirent de leur mieux, la porte extérieure fut fermée à clef, une autre porte fut vivement ouverte et aussi vivement fermée ; Dolet disparut, mais le concierge et les sergents restèrent enfermés comme des oiseaux en cage, tandis que Dolet s’échappait par l’allée qui conduit au quai et s’éloignait de Lyon. Il réussit à passer en Piémont, où il resta caché pendant quelques mois.

Cependant, tandis que Dolet échappait à ses ennemis, ses livres étaient toujours en leur possession, et l’on se souvient qu’une des clauses de la sentence du parlement disait qu’ils devaient être brûlés. Il paraîtrait que cette clause ne fût pas immédiatement mise à exécution, et il n’est pas improbable que c’étaient les livres mêmes qui devaient être consumés qui avaient servi à machiner le complot infâme dont il a été question plus haut.

Après les hérétiques, ce que le premier président brûlait avec le plus de plaisir, c’étaient les livres. S’il n’avait pas mis la main au complot lui-même, nous ne nous tromperons pas beau-


    donner des détails aussi précis sur l’emplacement de la maison de Dolet. Il fut assez bon pour me conduire du palais de justice à la rue Mercière, en suivant la route que Dolet et le concierge ont dû prendre, et me faisant passer sous plusieurs des voûtes qui existent encore, lesquelles relient les maisons du coté ouest de cette rue avec le quai Saint-Antoine. Quoique l’emplacement de la maison de Dolet ne puisse pas être précisé, il n’en est pas moins vrai que la description qu’il nous en donne et le récit de sa fuite nous permettent de décider avec certitude que c’était une des maisons qui se trouvent sur le côté ouest de la rue, un peu au nord de l’emplacement du couvent de Saint-Antoine. M. Boulmier s’est étrangement trompé en nous disant que la maison de Dolet donnait sur le quai.