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ÉTIENNE DOLET

faicte Amye , L’Amye de Court, Du mespris de la Court et de la louange de la Vie Rustique, furent les premiers fruits de la liberté qu’il recouvrait après quinze mois d’emprisonnement, et c’étaient là des livres qui n’offraient aucune prise à ses ennemis. Mais il n’avait pas vu jusqu’où pouvaient aller leur haine et leur puissance. Peu de temps avant le 6 janvier 1544, deux paquets, sur lesquels était écrit en grandes lettres bien lisibles le nom d’Etienne Dolet, furent saisis au moment où ils franchissaient les portes de Paris ; quand on les examina, on vit qu’ils étaient remplis, l’un de livres imprimés par Dolet, l’autre de livres défendus sortis des presses hérétiques de Genève. A notre connaissance, on n’avait pas la moindre preuve que ces livres eussent été envoyés par Dolet ; il nia positivement la chose, et il me semble tout à fait improbable que, s’il les avait envoyés, il eût fait inscrire son nom trop bien connu sur les paquets. De plus tous les livres hérétiques imprimés par lui ou trouvés dans sa maison avaient été confisqués et étaient déjà en la possession du parlement ou de la Sorbonne. Mais la ruse maladroite de ses ennemis réussit entièrement, le parlement fut sur-le-champ saisi de l’affaire. Dolet fut accusé d’avoir envoyé à Paris des livres prohibés et hérétiques, et ordre fut envoyé à Lyon de l’arrêter. La nouvelle arriva le 6 janvier, tandis qu’au milieu de sa famille il célébrait le jour des Rois, comme il nous le dit lui-même :

Quand on me vint au corps ainsi saisir ;
Car à cela alors point ne pensoys
Et de crier le Roy boit m’avançoys.

Nier l’accusation ne lui servit de rien ; il fut immédiatement saisi et jeté en prison à Lyon, où cependant il ne resta que deux jours et demi. Le troisième jour il persuada au concierge de la maison que pour une affaire importante il devait le lendemain aller dans sa maison de la rue Mercière, pour toucher une somme d’argent qu’il devait recevoir en personne, sans quoi il ne serait pas payé, et il ajouta, pour le décider, qu’il