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CHAP. II. — PADOUE

l’impression le résultat de ses études, acquit la réputation qui lui donna le titre de premier savant de son temps ; les quelques poèmes et les quelques lettres qu’on a de lui ne justifient pas, du reste, cette réputation. C’est à Padoue encore que Lampridio parla de Démosthène avec tant d’éloquence qu’Aonio Paleario trouva qu’il était presque l’égal du grand orateur athénien, et que, dans son enthousiasme, il écrivit à son ami Maffei qu’une seule conférence de Lampridio valait toute la magnificence et toute la gloire de Rome[1]. On trouvait à Padoue une indépendance et une liberté qu’on aurait en vain cherchées ailleurs. Pomponatius y discutait avec érudition et sans contrainte l’immortalité de l’âme et d’autres problèmes semblables, et un peu plus tard Vésale s’y consacrait en toute sécurité à ces recherches anatomiques qui ont rendu des services signalés à l’humanité, mais qui avaient valu à ce savant des persécutions et l’avaient fait exiler des domaines du roi d’Espagne.

Mais Padoue ne se glorifiait pas seulement de ses professeurs et de ses maîtres ; c’était la résidence d’un grand nombre de savants qui trouvaient là une entière liberté, des livres et une savante société. « À Padoue, » écrit Paleario en 1530, « demeurent des poètes, des orateurs et de célèbres philosophes. C’est le refuge d’élection de la science qui a trouvé dans cette ville un asile où Pallas enseigne tous les arts ; en somme, il n’y a pas d’endroit où l’on puisse mieux donner libre cours à ses goûts pour l’étude et la science[2]. »

Ce fut à Padoue qu’Érasme, probablement en compagnie de son élève le jeune abbé de Saint-Andrews, suivit les cours de Musurus, qui fut tout à la fois le premier helléniste de son temps, un excellent latiniste et un travailleur infatigable. Ce fut pendant les cinq années qu’il passa à Padoue que Réginald Pole prépara sa réputation, due peut-être plus à sa haute

  1. Palearii opera, Amsterdam. 1696, p. 431.
  2. Id., p. 414.