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CHAP. XXII. — LE PREMIER PRÉSIDENT

mœurs, suivant les préceptes chrétien. «J'agis», ajoutait-il, «en évêque de l’Église du Christ. Je suis les enseignements des Apôtres et de tous ces saints et martyrs qui par leur sang ont bâti notre sainte Église. C'est leur exemple qui m’enseigne que le devoir d’un évêque consiste à éloigner le cœur des rois de la barbarie et de la cruauté, en leur inspirant sentiments de douceur, de clémence et de miséricorde. Quand vous m’accusez d’oublier mon devoir d’évêque, c’est vous qui oubliez le votre. J’ai parlé en évêque, vous avez agi en bourreau[1]. »

En quittant sa prison, Dolet se hâta de retourner à Lyon auprès de sa femme, de son fils, de ses presses et de ses livres, — ses trésors, comme il nous le dit. C’était a Lyon que l’attiraient les liens de la plus forte affection, c’était là qu’il désirait passer sa vie dans le calme, et poursuivre ses travaux d’homme de lettres et d’imprimeur.

  1. Gallandus : Vita Castellani, p. 62. Vers la même époque ou un peu plus tard, Duchâtel usa de son crédit auprès du roi en faveur de Ramus, et réussit dans son entreprise. Galland, Danès, Gouvéa et d’autres encore avaient travaillé à décider le roi à condamner Ramus aux galères pour ses hérésies au sujet d’Aristote. Ce fut Duchûtel qui, tournant la chose en ridicule, avait calmé le roi et l’avait amené à prendre une résolution moins sévère. Il lui avait représenté qu’il ne convenait pas à un monarque aussi éclairé d’infliger une peine infamante à un sophiste que personne ne prenait au sérieux et qui ne comprenait rien à la philosophie, mais qu’il valait mieux le laisser discuter devant des juges compétents avec d’autres érudits dont les arguments pourraient le convaincre et peut-être le guérir de sa folie.