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CHAP. XXII. — LE PREMIER PRÉSIDENT

chon de la Maison Neuve, pour permettre aux seigneurs de Berne d’intervenir, et avait ainsi sauvé la vie du grand citoyen de Genève. Mais il n’y avait pas de temps à perdre. A moins que le roi n’évoquât la cause, la condamnation allait être exécutée et le bûcher allumé, en quelques semaines seulement La première démarche réussit. Par lettres patentes du 7 octobre le roi retira le dossier du parlement et remit l’affaire au grand Conseil. Il en devait résulter que, dans tous les cas, un délai considérable allait s’écouler axant que la condamnation fût confirmée ou exécutée.

Cependant, Dolet fut laissé en prison à Lyon, où il resta plus de trois mois après sa condamnation. On lui permit d’avoir des plumes et du papier et quelques livres au moins ; il passa son temps à préparer, dans l’intention de les publier, des mémoires justificatifs personnels en latin et en français[1], et à revoir et à corriger sa traduction des trois premiers livres des Tusculanes, que, dans sa traduction des Epistres Familiaires, il nous dit avoir déjà achevés. Elle parut, tandis qu’il était encore incarcéré, accompagnée d’une épitre au roi, datée de la prison de Lyon (15 janvier 1543[2]).

Dans cette épître il raconte ses procès et ses condamnations, il proteste de son innocence et repousse toute accusation d’hérésie. Il a recours à la protection du roi, et avec plus d’énergie que de prudence dénonce le moine ignorant (Monsieur Le Moyne, comme il l’appelle quelquefois) devant lequel il a été jugé, et conteste le droit que ce personnage pouvait

  1. Ceux-ci sont perdus. Dolet en parle dans la préface de la traduction des Tusculanes.
  2. Peu de temps seulement avant la publication de la dernière édition du Manuel de Brunet, on ne connaissait pas d’exemplaire de cette première édition de la traduction des Tusculanes ; et, pour dire qu'elle avait été imprimée par Dolet elle-même, on se fondait simplement sur une édition imprimée à Paris par Ruelle, en 1554. Un exemplaire fut cependant enfin découvert dans la bibliothèque publique de Dôle, et en le consultant, j’ai vu qu'il était précédé de l'intéressante épître au roi, dont j’ai parlé à plusieurs reprises et qui ne se trouve plus dans les éditions subséquentes. Feu M. Baudrier était le possesseur d'un second exemplaire de l’édition originale.