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ÉTIENNE DOLET

diants français et allemands, mais c’était à Padoue qu’ils étaient le plus nombreux. Cette université était alors dans toute la gloire de sa réputation ; pour la littérature, la philosophie et la médecine aucune université ne pouvait rivaliser avec Padoue. Elle était fondée depuis deux cents ans et sa renommée avait grandi peu à peu, bien qu’elle s’éclipsât parfois lorsque la guerre ou les changements de suzerains suspendaient les cours pour un moment. Au commencement du quinzième siècle l’université de Padoue était devenue la possession des Vénitiens, et sous l’égide protectrice de la grande république (qui n’était pas alors l’oligarchie jalouse et égoïste qu’elle fut plus tard) les études furent encouragées, de généreux honoraires furent alloués aux professeurs, et des savants de toutes les parties de l’Italie, et parfois même de Grèce, d’Allemagne et de France, furent appelés à occuper ses chaires. De 1509 à 1517 la guerre de la ligue de Cambrai avait fait suspendre les cours, mais à la paix de Noyon ils furent réinstallés, et les étudiants et les maîtres accoururent de toutes les contrées d’Europe. Les vingt-cinq années qui suivirent furent les plus brillantes de l’histoire littéraire de Padoue. Pendant cette période, presque chaque savant italien distingué y passa quelque temps soit comme maître, soit comme étudiant, souvent et comme maître et comme étudiant. C’est là que Romulo Amaseo, alors à l’apogée de sa réputation, fit pendant quatre années des cours d’éloquence, Romulo Amaseo que le pape, le roi d’Angleterre, le marquis de Mantoue, les universités de Bologne et de Padoue se disputaient, et aux conférences duquel se pressait une si grande foule d’étudiants qu’on en vint fréquemment aux coups pour pénétrer dans la salle où il parlait. C’est là que Longueuil, le cicéronien par excellence, rendit à la langue latine toute sa pureté et, à en croire ses contemporains et ses disciples, égala son maître au point de vue du style sinon au point de vue des idées. Ce fut comme professeur de l’université de Padoue que Lazare Buonamici, trop craintif ou trop indolent pour confier à