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ÉTIENNE DOLET

et seulement une certaine volonté de Dieu, par laquelle il nous afflige et nous élève selon son bon plaisir ; il n’avait pas eu d’autre pensée. Quant aux livres composés et imprimés par lui, il ignorait qu’ils renfermassent aucun doute, aucune erreur au sujet de la foi, ou même rien qui fût contraire aux commandements de Dieu, ou à ceux de notre sainte mère l’Eglise ; mais néanmoins, pour ce qui était de ces livres ou de ses opinions et de son langage en général, il était désireux de corriger tout ce qu’il avait écrit, ou dit d’erroné, et il demanda qu’on voulût bien croire qu’il s’était exprimé ainsi soit par ignorance et manque d’habileté, soit pour satisfaire aux exigences du latin, soit encore à cause des licences permises quand on se servait de cette langue. Quant aux livres prohibés qu’on avait trouvés dans sa maison, mais qui n’étaient ni composés, ni écrits par lui, il ne se les était pas procurés dans l’intention de les imiter ou de suivre leur doctrine, mais obéissant simplement à cette curiosité naturelle aux gens de lettres qui doivent lire pour mieux discerner le bien et le vrai, et être en état de réfuter et de réprouver les opinions fausses et erronées.

Il reconnut qu’il avait mangé de la viande en carême et à d’autres époques d’abstinence, mais il allégua qu’il avait agi ainsi par ordonnance de son médecin, et avec la permission expresse de l’official et des autres ministres de l’église ; il en donna pour cause une maladie dont il souffrait et déclara qu’il n’avait pas eu l’intention de dénigrer ou de condamner les commandements de l’église, qu’il approuvait entièrement et auxquels il voulait se conformer en fils obéissant. Les témoignages fondés sur des ouï-dire étaient absolument faux, suivant lui ; il prouva qu’ils étaient tout à la fois sans rapport direct avec la cause et inadmissibles.

Bien que pendant les deux mois que dura le procès on lui fît subir interrogatoires sur interrogatoires, on ne put lui faire faire des aveux ni tirer de lui d’autres réponses sur les points de doctrine que celles que nous venons d’énumérer. Il déclara qu’il se soumettait à tous égards à l’autorité de l’Église et