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CHAP. XXI. — NOSTRE MAISTRE DORIBUS

pas été appelées comme témoins. Toutefois, on ne paraît avoir fourni contre lui aucun témoignage direct ; — restaient les faits qui étaient indiscutables.

Le procès, comme c’était la coutume en pareil cas, consista surtout en interrogations du prisonnier. La dureté, — je parle à un point de vue anglais, avec laquelle les juges français interrogent quelquefois les prisonniers, les questions insidieuses et astucieuses qu’on leur pose souvent pour les pousser à avouer leur faute, ne donnent qu’une faible idée d’un procès d’hérétique au seizième siècle, où il ne manquait aux juges que le nom de procureurs, où le verdict et la condamnation étaient arrêtés avant le procès, et où le principal objet du procès était de faire faire à l’accusé des aveux qui devaient justifier la condamnation, et même permettre à la cour de redoubler de sévérité.

Dolet eut à subir les interrogatoires d’usage. On lui adressa des questions ayant trait non seulement aux délits dont on l’accusait particulièrement, mais à sa manière de vivre, à ses habitudes et à ses opinions. Des propositions théologiques habilement imaginées lui furent soumises avec cet air de candeur et de douceur que les juges du Saint-Office savaient si bien prendre au début d’un procès. Il se défendit en disant, «en toute humilité et toute sincérité de cœur», qu’il n’avait jamais voulu et ne voulait en aucune façon soutenir une erreur ; qu’il s’était toujours donné comme un fils obéissant de l’église, désirant vivre et mourir comme doit le faire un chrétien catholique, se réglant sur la foi de ses ancêtres, n’adhérant à aucune secte et n’allant jamais contre aucun décrets de l’Église.

Quamt à l’immortalité de l’âme, il l’avait toujours défendue et continuait à la défendre, comme on pouvait le voir dans différents passages de ses écrits, et si quelque part il semblait avoir une opinion contraire, on devait se rendre compte que c’était « par manière de propos ».

Il s’était servi du mot fatum pour désigner la providence