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ÉTIENNE DOLET

des renseignements et des preuves à Calvin, presque journellement il éperonne sa mule sur le chemin qui mène de Lyon à Vienne ; un jour il est enfermé avec le cardinal de Tournon à Lyon, le lendemain il dîne avec l’archevêque Paumier à Vienne, remuant ciel et terre pour se procurer des témoignages d’hérésie contre l’accusé afin d’obtenir qu’il soit reconnu coupable et condamné. Ce n’est pas à lui qu’il faut s’en prendre si Servet ne fut pas brûlé à Vienne. L’archevêque, le vicaire général et le vibailly de Vienne, malgré leur tiédeur à se montrer zélés, cédant aux instigations de Calvin qui leur reprochait de permettre à un hérétique qu’on devait brûler vif, de vivre parmi eux sans qu’on le molestât, ne purent rien moins que l’accuser et le condamner à mort. Mais ce fut au cardinal de Tournon qu’Orry, tout d’abord, communiqua l’affaire ; ce fut après avoir conféré avec lui et avoir agi selon ses conseils, que le dossier fut préparé. Ce ne fut pas avant que la correspondance avec Calvin fût complète et que les documents qui prouvaient la culpabilité de l’accusé fussent envoyés de Genève, que la chose fut pour la première fois communiquée à Pierre Paumier, archevêque de Vienne, lequel, se conformant aux ordres du cardinal et à l’avis d’Orry, fit arrêter et juger l’accusé.

On favorisa la fuite de Servet. Le bruit courut que le vibailly n’avait pas été étranger à la chose, et comme personne ne fut puni ou accusé, nous pouvons croire, sans trop nous tromper, que le « primat des primats » ne fut pas très chagriné de la fuite de Servet et que le vibailly mena le procès à bonne fin et prononça la sentence qui condamnait son médecin et ami à mort avec une satisfaction bien plus grande que si Servet avait été en sécurité dans la prison de Vienne.

Ce fut dix années auparavant qu’Orry siégea comme président dans une affaire qui nous intéresse plus immédiatement encore, je veux parler du procès à’Esticnne Dolet[1].

  1. Les seules biographies d’Orry que je connaisse sont celles de Moréri.