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CHAP. XX. — PRÉSAGES DE LA FIN

référé au parlement de Dijon, capitale de la province dont Guise était gouverneur, et l’accusation fut discutée devant le second président Baillet, créature de Guise (et qui avait acheté sa charge à prix d’argent), et devant certains conseillers, instruments passifs de la volonté du second président. Le résultat ne pouvait être douteux. Le 8 août 1551, les accusés furent déclarés coupables ; Boyssone fut dépossédé de sa charge, condamné à une lourde amende et retenu en prison jusqu’à ce qu’il l’eût payée. Mais l’opinion publique lui était favorable. Le chancelier Bertrandi ne fut pas satisfait de cette condamnation et l’université de Grenoble se hâta d’offrir une chaire de droit au conseiller disgracié. Boyssone et Pellisson eurent la permission d’en appeler au parlement de Paris, et après un long procès fatigant qui souleva de violentes disputes au sujet des juridictions respectives des deux parlements et au sujet des droits qu’avait celui de Paris de revoir le jugement d’une cour suprême comme Dijon, une commission spéciale, nommée par le roi, et composée d’un nombre égal de conseillers de Paris et de Dijon, rendit leur poste à Pellisson et à Boyssone, condamna Taboët aux frais, et ordonna que ce dernier fût promené, tête et pieds nus, avec une corde autour du cou, dans les rues de Chambéry<ref>Guibal. Rev. de Toulouse, août 1864 . De Thou : 1. p. 882 et suîv. ; Man. Epist. Boyss. passim.<ref>. A partir de ce moment Boyssone disparaît de l’histoire. Sa correspondance et ses poèmes nous renseignent jusqu’à cette date ; mais son biographe n’a pas pu découvrir sa trace après sa réhabilitation, ce qui nous permettrait de supposer qu’il mourut peu de temps après.

Sur ces entrefaites Dolet se préparait à augmenter considérablement son commerce d’imprimeur. Nous ne savons pas où il installa sa presse au début ; quelques-uns de ses premiers livres portent sur le titre cette mention : Au logis de Monsieur Dolet, mots qui semblent avoir donné prise à bien des mo-