Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/406

Cette page n’a pas encore été corrigée
380
ÉTIENNE DOLET

Boyssone supprima, par mesure de prudence, tout ce qui avait trait au procès, à la condamnation, à la mort de Dolet, et tout ce qui pouvait indiquer quelque sympathie pour lui ? Il ne nous est pas possible de donner une opinion à cet égard.

Nous devons, en quelques mots, dire ce que devint Boyssone. D’abord il trouva qu’après Toulouse, Chambéry était un séjour très agréable. Ses devoirs de magistrat lui plaisaient ; il jouissait de la société de ses collègues, les conseillers de Savoie, dont plusieurs, son ami Maurice de Scève, entre autres, étaient des gens cultivés et intelligents, et il était dans les meilleurs termes du monde avec le président Pellisson. Cicéronien par la foi, sinon par le style latin, Boyssone consacra la villa qu’il habitait, aux portes mêmes de Chambéry, à la mémoire de son maître, et c’est dans un Tusculum savoyard qu’il occupa ses loisirs à étudier et entretenir une correspondance avec ses amis littéraires. Dix années se passèrent, il était devenu le membre le plus influent du Conseil de Savoie après le président, et les services qu’il rendit dans l’administration de la province nouvellement annexée ont été considérables. Mais il se fatigua d’occuper ses fonctions. La chute du chancelier Poyet le priva de son protecteur ; plusieurs de ses anciens collègues étaient morts ou avaient quitté la Savoie, il désirait abandonner ce pays comme eux, lorsqu’un grand malheur lui arriva, causé en partie par l’inimitié d’un subordonné, et en partie par la cupidité d’un haut personnage. Ni ses services, ni son intégrité ne purent le protéger de l’inimitié de Taboët, le procureur du roi, soutenue par la cupidité du duc de Guise. Taboët avait été sévèrement réprimandé par le président au nom du Conseil ; Pellisson et Boyssone étaient tous deux très riches ; le duc de Guise, malgré l’étendue de ses possessions, avait besoin d’argent, et était désireux d’obtenir du roi la concession des biens confisqués aux criminels opulents.

Une accusation de corruption fut intentée par Taboët contre Pellisson, Boyssone et plusieurs autres conseillers. Il en fut