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ÉTIENNE DOLET

les réimprimer, à moins qu’il n’obtînt une permission officielle. Il est probable qu’il les avait imprimés — il le fit dans la suite pour plusieurs autres — sans les soumettre au prévôt de Paris ou au sénéchal de Lyon, comme il le devait, ainsi que le dit le procès, de par le privilège que le roi lui avait donné à Moulins[1].

Les trois années qui suivirent l’installation de Dolet comme imprimeur (1539, 1540, 1541) furent probablement les plus heureuses, et certainement les plus prospères de sa vie. Une femme et un fils qu’il aimait tendrement, un cercle d’amis littéraires qui comprenait presque tous les gens de lettres de Lyon, ainsi que beaucoup d’autres des provinces françaises éloignées, des occupations suivies et lucratives, une grande réputation d’érudit, et des affaires qui marchaient bien, voilà en résumé ce qui rendait Dolet heureux. Nous ne pouvons, il est vrai, qu’entrevoir sa vie privée. Plongé dans ses travaux littéraires et dans ses affaires, méprisant les plaisirs et vivant une vie laborieuse, il ne trouva guère le temps d’écrire de ces lettres soignées qui, encore que remplies de phrases et de compliments, nous fournissent cependant tant de détails intéressants sur la première partie de son existence. Néanmoins il est parfois question de lui dans la correspondance de Jean de Boyssone, et il existe une lettre que ce dernier écrivit à Dolet pendant la période qui nous occupe. Jean de Boyssone siégea pour la première fois au tribunal de Chambéry en 1539, et Dolet rendit alors grand service à son ami : il reçut de Toulouse ses livres et autres objets et les lui expédia en Savoie. Le Ier mai 1539 (ou 1540) Boyssone écrivit à Dolet pour lui accuser réception de ses livres, et en même temps envoya à son ami un paquet de lettres qu’il lui demandait de faire passer à Toulouse «soit par Jean Madamaxum (sic) ou par quelque autre muletier, classe de gens qui ne manque pas

  1. Procès, p. 11. Mais dans l’Extraict du Privileige, tel que Dolet l’imprima en tête de plusieurs de ses livres, on ne lit rien de pareil.