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CHAP. XX. — PRÉSAGES DE LA FIN

Un poème faisant partie des Carmina, lequel est adressé à Mélanchthon (p. 31), fut certainement l’objet de vifs reproches :

Ridere quæ possim, stolidorum et stultorum
Natio mihi multa suppeditat : sed nil prorsus
Magis libet ridere quam nonnullorum
Amentiam, qui ceu deorum cognati
Jovisque cœli participes, de Diis semper
Sermonem habent : et qua ad polum efferri passis,
Qua deprimaris in nigri tenebras regni
Docent. Ineptum hominis genus et intolerandum.
Scilicet accubuerunt Jovi et divum mensis
Cœlestia ut nobis modo isto dispensent[1].

Et l’épigramme suivante n’était guère de nature non plus à assurer à son auteur la bienveillance du vicaire général, quoiqu’il n’y ait rien à reprendre dans cette pièce au point de vue théologique :

Incurvicervicum cucullatorum habet
Grex id subinde in ore, se esse mortuum
Mundo : tamen edit eximie pecus, bibit
Non pessime, stertit sepultum crapula,
Operam Veneri dat, et voluptatum assecla
Est ominum. Idne est, mortuum esse mundo ? Aliter
Interpretare. Mortui sunt, hercule !
Mundo cucullati, quod iners terrœ sunt onus,
Ad rem utiles nullam, nisi ad scelus et vitium.

On exigea que Dolet retirât ces livres de la vente, et qu’il s’engageât par écrit à ne plus les faire circuler et à ne pas

  1. «La foule des sots et des lourdauds me fournit une abondante matière à moquerie, mais il n’y a absolument rien qui me mette plus en gaîté que l’insanité de ceux qui, comme s’ils étaient apparentés aux dieux ou faisaient partie avec eux du ciel de Jupiter, parlent toujours des déités et vous enseignent comment on peut arriver au ciel, et comment on peut être plongé dans l’obscurité du royaume des ténèbres. Stupide et insupportable race d’hommes ! Il est évident qu’ils se sont assis à la table de Jupiter et des dieux afin d’être à même de nous communiquer de cette façon les célestes décrets.»