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ÉTIENNE DOLET

lesquels, du moins, figure son nom), le Cato Christianus et les Carmina, ne furent pas plus tôt publiés en 1538 qu’on le dénonça comme hérétique au vicaire général, official de l’archevêque de Lyon ; l’auteur-imprimeur fut immédiatement cité devant ce fonctionnaire. Le Cato Christianus donna lieu à deux accusations : d’abord, l’auteur avait interpolé, en le donnant comme le second commandement, un précepte qui commence par ces mots : « Tu ne te feras point d’image taillée », précepte accepté depuis par les églises réformées comme le second commandement, mais considéré par l’église de Rome comme faisant partie du premier ; ensuite, la paraphrase du symbole des apôtres commençait par Fidem habeo au lieu de commencer par Credo, et les mots communionem sanctorum étaient omis[1].

Ce qu’on reprochait surtout à Dolet dans les Carmina, c’était d’avoir employé le mot fatum dans un sens païen et non pas chrétien ; et bien que le mot se trouve dans plusieurs endroits du livre, l’ode qu’on visait spécialement est celle qui est adressée à Hugues Salel (De Fato) ; elle commence ainsi :

Fati recognosco nimiam efficaciam,

Et sorte nos certa régi.

Mais il ne manque pas d’autres passages dans lesquels l’auteur s’expose aux attaques, et qui, tout comme le mot fatum, donnèrent prise à la censure. L’ode Expetendam esse mortem, qui avait déjà paru dans le volume des discours, se termine comme il suit :

Ne mortis horre spicula, quæ dabit

Sensu carere vel melioribus

Locis tegi, et statu esse læto,

Elysii est nisi spes inanis.

  1. Procès, 9, 10, 13. Mais la Sorbonne censura beaucoup d’autres passages du Cato Christianus. Voyez d’Argentré : Collectio Judiciorum vol. II, part. I, p. 229.