l’autorité et la liberté, les Réformateurs, dis-je, trouvèrent, non seulement dans l’art de l’imprimerie, mais parmi les imprimeurs, les secours précieux qu’ils cherchaient. C’est à peine s’il y avait un imprimeur de renom, en France ou en Allemagne, qui ne fût ouvertement l’ami (ou l’ami supposé, et cela à juste titre) des doctrines nouvelles. Mais les maîtres imprimeurs célèbres n’étaient pas seuls partisans de la Réforme ; les correcteurs, les lecteurs, les compositeurs, les fondeurs de caractères et les relieurs, tous ceux qui étaient rattachés, par un lien quelconque, à la typographie sentirent l’influence de l’art divin dont ils étaient les ministres et se rangèrent sous l’étendard de la liberté intellectuelle. Parmi les martyrs qui sont inscrits au Grand Martyrologe, nombreux sont les imprimeurs et les libraires. Et ceux qui ont écrit l’histoire de Lyon nomment surtout les imprimeurs comme faisant partie de cette armée de cinq cents ouvriers lyonnais, lesquels, en 1535, allèrent secourir les citoyens de Genève lors de la querelle de ces derniers avec le prince-évêque et le duc de Savoie. Et M. Merle d’Aubigné nous dit que les ouvriers ayant quelque attache avec la typographie — les imprimeurs, les libraires et les relieurs — formèrent le plus gros contingent de cette bande de fuyards que les persécutions, provoquées par l’affaire des Placards, chassèrent de France la même année.
En exerçant le métier d’imprimeur, à cette époque, on était donc exposé à être soupçonné d’hérésie ou même de plus grands méfaits ; et les bruits qui, bien que peu fondés sur ses ouvrages imprimés, n’en couraient pas moins sur le compte de Dolet, ne devaient vraisemblablement point être calmés quand on le vit acheter une presse et tenir boutique de libraire. Ses opinions ouvertement déclarées l’avaient, sans nul doute, rendu suspect depuis plusieurs années. Son langage, nous pouvons en être certain, était plus violent que ses ouvrages imprimés, et encore que dans ces écrits, comme nous l’avons vu, il désavouât toute sympathie pour le luthérianisme, et déclarât avec ostentation qu’il adhérait à la foi de ses ancêtres,