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ÉTIENNE DOLET

de 1538, qui l’une et l’autre étaient à la disposition de Dolet. Ce qu’on a pu lui reprocher à bon droit, c’est d’avoir imprimé le livre sans l’autorisation de l’auteur, d’avoir dit sur le titre que cette édition avait été revue et augmentée par l’auteur lui-même et d’avoir inséré des passages que Rabelais, guidé par un jugement meilleur, avait cru bon de supprimer.

Il est fort possible qu’on puisse excuser Dolet sur ce point. Il n’était guère moralement blâmable (et pas le moins du monde légalement) d’imprimer, sans l’autorisation de l’auteur, un ouvrage qui, publié anonymement, avait été réédité par différents autres imprimeurs suivant leur bon plaisir ; il est juste d’ajouter aussi que les mots : revue et de beaucoup augmentée par l’autheur mesme se trouvent sur le titre de l’édition de 1538 qui avait servi de modèle à Dolet. Il est, de plus, fort possible que le livre ne parut pas avant que Dolet fût en prison, et qu’en réalité il n’était pas responsable du titre ; il est probable encore que, tout en consultant l’édition de François Juste, il n’ait pas remarqué les omissions et changements qu’elle contenait, et qu’il aurait sans nul doute respecté ce texte s’il avait vu en quoi il différait des autres.

Les éditions de Marot et de Rabelais sont, de tous les livres sortis des presses de Dolet, ceux qu’on recherche le plus. Bien qu’elles ne soient pas les plus rares de ses éditions, elles ont depuis plusieurs années atteint des prix fabuleux, et acquerront probablement encore plus de valeur, si la littérature française du seizième siècle continue à faire rage !

L’édition de Rabelais encore que subreptice et non exempte de fautes d’impression, n’en a pas moins servi de base à une édition qui pendant plusieurs années a été considérée comme classique, à l’édition de Duchat, publiée en 1711.