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ÉTIENNE DOLET

Dans ce volume des Commentaires, il parle à deux reprises différentes de son intention d’écrire cette histoire; il nous dit que dès qu’il aura achevé et publié son troisième volume, il consacrera le reste de sa vie à ce travail et que si, cette œuvre importante terminée, il lui reste encore du temps et des loisirs, il écrira la vie des rois de France à la manière de Suétone[1].

Une histoire telle qu’il voulait la faire demandait de grands loisirs, beaucoup d’argent, et d’abondants matériaux; le roi et ses ministres étaient seuls à même d’aider Dolet en cette circonstance. Son attente fut entièrement déçue et il ne tarda pas à se rendre compte qu’il devait abandonner tout espoir de faire rien qui ressemblât à l’ouvrage complet et définitif dont il expose le plan avec tant de soin dans sa lettre à Budé. Il résolut d’entreprendre une œuvre moins ambitieuse qui pouvait se faire sans grands loisirs et sans un grand nombre de matériaux. En 1539 il écrivit et imprima une histoire du règne de François Ier en vers latins, intitulée Francisci Valesii Gallorum Regis Fata. Le livre a deux dédicaces : l’une adressée au roi, l’autre à Pierre Duchâtel, alors devenu évêque de Tulle. A en croire les vers louangeux de Pierre Tolet, de Jean Raynier, de Guillaume Durand, de Barthélemi Aneau, d’Antoine du Moulin et de Jacques Bertrandi, tous gens d’une réputation littéraire considérable, le poème de Dolet possède une valeur réelle. Il ne retrace guère que de hauts faits d’armes, et à ce titre cet ouvrage est sans nul doute une heureuse imitation de Lucain ou du poème de Pétrone sur les guerres civiles de Rome. Quelques mois plus tard l’auteur le traduisit ou plutôt le paraphrasa en prose française et il imprima sa traduction sous le titre de : Gestes de François de Valois, Roy de France. Le style de la traduction, comme celui de l’original, est trop pompeux. L’ouvrage est composé suivant les modèles reconnus classiques, les généraux font des

  1. 2 Comm. 1385.