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ÉTIENNE DOLET

Punctuation et les Accents furent publiés au moins dix fois et la Manière de bien traduire au moins trois fois.

Après avoir établi les principes de la bonne traduction et les règles que doit observer le traducteur, Dolet n’hésita pas à faire juger au public jusqu’à quel point il était bon traducteur et pouvait mettre ses règles en pratique. Deux ans après la première édition de ses opuscules il publia une traduction des lettres de Cicéron à ses amis, et un an plus tard, alors qu’il était prisonnier à Lyon, une traduction des trois premiers livres des Tusculanes.

« Si j’ai travaillé, dit-il, dans sa préface des Epitres familiaires, pour acquérir los et bruict dans la langue Latine, je ne me veulx efforcer moins à me faire renommer en la mienne maternelle Françoyse. Ce poursuivant, je ne prétends seulement produire ce qui entièrement est sorty de moy (comme desia on a veu par troys traictés de mon Orateur Françoys ; et comme on le voirra entier au commencement du grand Dictionnaire vulgaire, que bien tost imprimeray : comme aussi on voirra aux Tusculanes de Ciceron, par moy traduictes) mais pareillement toutes aultres bons livres, que cognoistray sortir de bonne forge, Latine ou Italienne ; soit autheurs antiques, ou modernes ; naifs, ou translatés. De ce mien vouloir sera temoing ce présent œuvre de Ciceron depuis quelcque temps par moy traduict en nostre langue. Lequel œuvre je n’ignore pas avoir aultre fois este imprimé soubs aultre traduction. Mais scais tu quelle certainement faictes en despit des muses Latines et Françoyses ; car oultre ce que le langaige n’en vault rien du tout, le gentil traducteur premier a si bien corrompu le sens qu’il fauldroit ung Apollo, pour deviner ce qu’il veult dire. Qui est chose par trop contraire a la divine facilité et perspicuité de Ciceron. Je croy, que le trouveras ung petit myeulx accoustré. Ly et puis tu en jugeras plus seurement...

« Au demeurant, je te veulx advertir, que la langue Françoyse n’est si copieuse qu’elle puisse exprimer beaucoup de