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ÉTIENNE DOLET

Jusqu’à quel point ces assertions sont vraies, nous l’ignorons, toujours est-il que les bruits qui couraient sur Dolet étaient bien différents, et connaissant l’exagération qui lui était coutumière quand il parlait de lui-même et de ses propres mérites, nous avons quelque raison d’hésiter à accepter comme vraies les informations qu’il nous donne sur sa famille. Voulté, dans deux de ses odes écrites, il est vrai, après sa querelle avec Dolet, parle en termes peu flatteurs du père de ce dernier et il fait entendre qu’il périt de la main du bourreau.

Dans l’une de ces odes Voulté dit qu’il n’est pas étrange que Dolet semble être le pire des hommes, car son père lui ressemblait, et qu’il serait très extraordinaire que le fils d’un mauvais père fût lui-même un homme excellent[1].

 « Quod sis pessimus omnium virorum
Res est non nova, nam tuo parenti es
Natus ipse simillimus : sed esset
Certe res nova, si mali parentis
Esses filius optimus virorum.
Quod vulgi esse frequens in ore suevit
Id falsum bonitas tua approbaret :
Patrem nec sequeretur ipsa proles. »

Dans une autre pièce qui désigne clairement Dolet, et intitulée In quendam ingratum[2], après lui avoir prédit toutes sortes de maux et une mort violente, il ajoute :

 « Et superstites si
Parentes tibi forte qui adfuissent
Dum spectacula talia exhiberes,
Et jussas lucres miselle pænas,
Exemplo miseri tui parentis
Nonne illos oculi tui impudici
Vidissent tibi proximos ? crucisque
Testes nonne tuæ tui fuissent. »

  1. Vulteii, Hendecasyllaba (Paris 1538), fol. 91.
  2. Id. fol. 9.