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ÉTIENNE DOLET

Faisant de vos deux cœurs en un conjonction :
Mesme temps, mesme lieu, mesme habitation,
Mesmes moeurs, mesme esprit et mesme aage l’empare :
Un cas tout seulement l’un de l’autre sépare :
L’un grand en médecine et l’autre en éloquence.
Pour déclarer en vous profession dispare,
Une lettre a vos noms a mis la différence[1].

Les poèmes des cinq amis témoignent de l’affection et de l’admiration qu’ils avaient pour Dolet ; ils prédisent un brillant avenir à son fils, et Claude Cottereau, dans sa première ode, consacre quelques vers à la mère de l’enfant :

Sed quid mater ipsa laude omni plenius ? aut quid ?
Sanctius ? aut melius ? vel magis ingenuum ?

On s’est demandé qui était l’amy qui traduisit en français le Genethliacum ; et comme le poème original était dédié à Claude Cottereau et que l’Avant-Naissance contient de la prose et des vers dus à sa plume, Née de la Rochelle a attribué la traduction à ce fidèle ami de Dolet et de sa famille. Le style de l’Avant-Naissance est cependant celui de Dolet lui-même, il n’y a pas à en douter. Plusieurs des expressions de ce poème se retrouvent ensuite dans le touchant cantique sur sa désolation et sur sa consolation qu’il écrivit quand il était prisonnier à la Conciergerie, peu de temps avant sa mort. Il ne semble pas improbable qu’il attribua l’Avant-Naissance à un ami, afin de détourner les accusations de vanité que pouvait lui attirer la traduction en français de son propre poème. Si le traducteur était Claude Cottereau, il serait certainement étrange qu’il n’eût pas signé le poème principal aussi bien que les dixains qui le suivent. La préface adressée « au lecteur muny de bon vouloir, et exempt d’envie et detraction » fait preuve d’une extrême vanité, si, comme nous le

  1. La poésie françoise, Lyon, Le Prince, 1540.