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CHAP. XV. — L’IMPRIMEUR

Paris. Désormais on n’imprima aucun livre sans la permission du grand Scel. On défendit aux ouvriers de former des réunions ou des sociétés ou de se rassembler. On devait payer et les nourrir comme cela avait été la coutume. On exigeait d’eux qu’ils finissent tout livre commencé. Les maîtres étaient libres d’engager tous les apprentis qu’ils jugeaient convenable d’engager[1].

Cet édit, qui fut publié a la demande des consults, des baillis et des habitants de la ville, causa, comme on peut le supposer, un vif mécontentement parmi les ouvriers. Ils interjetèrent appel, mais sans succès. Le 19 juillet 1542, un édit confirmatif fut publié, repoussant tout appel et défendant aux ouvriers, d’une façon absolue, de protester encore contre le premier édit. Mais les dissensions ne cessèrent point, et, après des scènes de tumulte et de violence, on en arriva à un compromis qui fut sanctionné par un accord daté du 1er mai 1543[2].

Dolet prit une part active à tous ces débats ; bien que patron, il soutenait la cause des ouvriers, et ajoutait ainsi au nombre de ses ennemis la plupart des maîtres imprimeurs de Lyon. Mais il paraîtrait que leur hostilité n’est pas due a ce que Dolet défendait la cause de leurs aides. Dolet n’avait pas fait d’apprentissage, il était considéré comme un intrus ; et on se moquait d’un homme qu’on voyait entreprendre, sans ressources suffisantes, des affaires si sérieuses, lesquelles demandaient un si grand capital pour être menées à bien.

Comment avait-il obtenu les fonds nécessaires pour acheter des presses et comment avait-il trouvé moyen de s’établir ? C’est un mystère que, le premier, je puis expliquer, grâo un document déjà mentionné, lequel se trouve dans les archives de Lyon. Il existe un acte d’association daté du 10 juillet 1542, qui nous dit que, ce jour-là, Dolet s'était

  1. Crapelet, p. 53 ; Péricaud : Notes et Documents, p. 65.
  2. Péricaud, p. 63.