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CHAP. XV. — L’IMPRIMEUR

çois Ier, qui, nous l’avons vu, publia un édit qui défendait l’usage des presses et tolérait que livres et libraires fussent brûlés[1].

Étienne Dolet, nous l’avons déjà vu, à son arrivée a Lyon (dans l’été de 1534), trouva une situation de lecteur et de correcteur chez Sébastien Gryphius ; et quoique ses deux voyages à Paris, ses Commentaires à achever et ses autres travaux littéraires aient dû lui prendre la plus grande partie de son temps, il n’en est pas moins à peu prés certain que pendant quatre années il aida, avec plus ou moins de suite, le célèbre imprimeur, ainsi que François Juste et les autres typographes ; c’est de cette façon qu’il gagna sa vie et qu’il acquit une connaissance pratique de l’art de l’imprimerie.

Parmi ses amis intimes de cette époque on compte le second de Gryphius, Jean de Tournes, clarum et venerabile nomem, qui devait bientôt égaler et même surpasser son maître dans l’art divin et être le chef d’une famille qui pendant deux siècles et demi devait exercer cette profession héréditaire à Genève et à Lyon[2]. Nous ignorons à quelle époque Dolet devint imprimeur lui-même, ce fut probablement quand il songea à se marier. Le revenu précaire d’un

  1. Didot : Essai sur la Typ., 750.
  2. Dolet écrivit une ode Ad Joannem Turnœum et Vincentum Piletum combibones. M. A. F. Didot (Essai sur la Typ.) semble, contre son habitude, se montrer peu exact quand il dit que Jean de Tournes avait été apprenti chez Gryphius. Suivant les papiers de famille cités par M. de Revilliod dans le Bulletin du Bibliophile, 1856, il avait fait son apprentissage chez Melchior et Gaspard Trechsel, et il est probable qu’il entra au service de Gryphius peu après que ce dernier se fut établi comme typographe. Il nous dit dans la préface mise en tête de son édition de Pétrarque (1545) que douze années auparavant il avait travaillé à l’édition des œuvres de Luigi Alamanni donnée par Gryphius en 1532 et que c’est de là que venait son goût pour la littérature italienne. Il savait le latin, le grec, l’italien et l’espagnol. La maison qu’il fonda vers 1540 fut la propriété de ses descendants, qui firent des affaires tantôt à Lyon, tantôt à Genève car Jean et sa famille étaient protestants) et parfois dans ces deux villes, jusqu’en 1780, époque à laquelle les frères Tournes cédèrent leur commerce, qui, suivant M. de Revilliod, était depuis quarante ans le plus considérable d'Europe. La fille non mariée de l’un de ces frères vécut à Genève assez avant dans notre siècle.