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ÉTIENNE DOLET

libraires principaux (Magni librarii), et les reconnaissait ainsi que deux enlumineurs, deux relieurs et deux scribes comme officiers et servants de l’université, et en cette qualité ils avaient droit à tous les privilèges qui s’y rattachaient « comme de vrais escholiers d’icelle[1]. » Après l’invention de l’imprimerie, les privilèges des libraires échurent naturellement aux imprimeurs et les vingt-quatre imprimeurs libraires gardèrent longtemps leur importance. En 1513, Louis XII, pour qui, chose assez étrange, le bien du peuple semble avoir été parfois une question importante[2], publia un édit par lequel il accordait à l’imprimerie ce que M. Didot appelle des lettres de noblesse, en l’exemptant d’un impôt considérable, en supprimant la taxe qui existait sur les livres et en déclarant que « les imprimeurs-libraires, vrais suppôts et officiers de l’université, doivent être entretenus en leurs privilèges, libertés, franchises, exemptions et immunités, attendu la considération du grand bien qui en est advenu en nostre royaume au moyen de l’art et science d’impression, l’invention de laquelle semble être plus divine qu’humaine, laquelle, grâce à Dieu, a été inventée et trouvée de nostre temps par le moyen et industrie desdits libraires, par laquelle nostre saincte foi catholique a esté grandement augmentée et corroborée, la justice mieux entendue et administrée, et le divin service plus honorablement et plus curieusement faict, dit et célébré ; et au moyen de quoi tant de bonnes et salutaires doctrines ont été manifestées, communiquées et publiées à tout chaqu’un ».

Il est certain que le titre de père des lettres est dû plus justement à l’auteur de ce noble et libéral édit qu’à Fran-

  1. Didot : Essai sur la Typographie, p. 720.
  2. Henri IV est le seul des successeurs de Louis XII, avant la Révolution, dont on puisse en dire autant. Louis XVI, ce bon mari et ce bon père, qui aurait pu être un digne et heureux citoyen et un excellent serrurier, si la fortune lui avait été plus favorable, semble n’avoir jamais pensé au bien de son peuple ; les souffrances et les malheurs des Français, alors qu’ils mouraient de faim par centaines, ne lui ont jamais fait voir quelle part de leurs misères était due à son énorme liste civile.