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ÉTIENNE DOLET

La femme de Dolet est nommée dans cette pièce, — elle s’appelait Louise Giraud. Le nom de Giraud est malheureusement trop commun pour qu’il nous soit possible de savoir à quelle famille Louise appartenait ; toutefois je suis porté à croire, pour des raisons spécifiées plus bas, qu’elle était de Troyes, et qu’elle a pu être apparentée à Nicole Paris, l’imprimeur de cette ville. Par le Genethliacum et le Second Enfer, nous voyons que ce mariage fut non seulement un mariage d’inclination, mais encore qu’il fut une source de vrai bonheur pour Dolet. Quelques-uns de ses amis désapprouvaient cette union ; ils doutaient, ce semble, que Dolet agît sagement en assumant une responsabilité et une charge bien trop grandes pour lui, étant donné l’état peu prospère de ses finances. Cependant Claude Cottereau, ami toujours prudent et judicieux, n’hésita pas à approuver ce mariage. Il écrit à Dolet, un an plus tard.

« Apres le grand labeur », dit-il, « auquel estois contrainct de vacquer totallement cest yver passé (pour la fondation de mon honneur, et acquérir quelque estime entre les doctes), venant de Lyon a Tours, pour relief de la fascherie de mon voyage, ie me mys à composer quelques dixains et huictains sur la naissance du filz qu’il a pleu a Dieu te donner pour le commencement du grand heur de ton mariage. Lequel combien que plusieurs (peu congnoissantz ton esprit, et iugement) ayant trouvé estrange, pour ce que par la cuydent sa fortune (quant aux biens) estre troncquee, ou pour le moyns retardée de beaucoup : ie l’ay toutesfois tousiours trouvé bon, et louable. Car ie scay que tu n’as chose en plus grande recommendation que de vivre selon le commandement de Dieu : et de l’entretenir en tranquillité d’esprit, pour plus amplement vacquer aux letres. Ces raisons doncques sont apparentes, que non follement et sans iugement tu t’es marié, mais pour le plus hault bien que tu as peu choisir, as ce faict.[1] »

  1. L'avant-naissance de Claude Dolet.