affligés. Que pouvait-il nous arriver, je vous le demande, qui pût nous accabler davantage ? L’année dernière nous avons perdu Minut. Il semblait qu’il ne restait à la mort que peu de pouvoir pour nous désoler, elle n’avait plus qu’à nous priver de Jean de Pins qui était notre seul défenseur des lettres. Toulouse, 9 décembre 1537. »
Les trois poètes, une seconde fois, célébrèrent dans leurs vers l’ami qu’ils avaient perdu, et encore que leurs épitaphes ne soient pas très réussies, elles ont un accent de sincérité qui montre combien ils étaient profondément affligés.
La mort de Jean de Pins rompit le dernier lien qui attachait Boyssone à Toulouse. Dolet et Voulté étaient à Lyon. Gripaldi était parti pour Valence. Les deux protecteurs et défenseurs des lettres et des lettrés étaient morts. Il chercha alors à obtenir quelque poste de magistrat qui lui permit de se consacrer paisiblement à l’étude, à l’abri de la barbarie de sa ville natale. Après plusieurs démarches infructueuses, auprès des cardinaux Odet de Coligny et Gabriel de Gramont entreautres personnages (il parle d’eux avec une certaine aigreur), il fut enfin, en 1538, grâce à l’influence de Jean Bertrandi, alors troisième président du parlement de Paris, nommé, par le chancelier Du Poyet, juge à la cour royale de Chambéry et membre du conseil qui administrait la province de Savoie, récemment annexée aux domaines du roi de France.