Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/333

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
307
CHAP. XIV. — UN HOMICIDE ET SES CONSEQUENCES

presque simultanée des Nugœ de Bourbon les odes à Dolet[1] sont retranchées, m’ont porté à conclure que Bourbon et Voulté soupçonnaient Dolet d’avoir causé et fomenté leur brouille, et que c’est à cela qu’il faut attribuer la rupture de Bourbon et de Dolet.

Cependant Dolet ne cessait pas d’échanger une correspondance amicale avec Jean de Boyssone. Il paraît qu’on lui devait de l’argent à Toulouse ; c’était soit une dette que dans la hâte de son départ forcé il n’avait pu recouvrer, soit plus probablement la valeur des biens et effets qu’il laissait derrière lui et qui avaient été illégalement saisis par les officiers de justice ou détenus par quelque autre personne. Il fallut un procès pour régler l’affaire ; ce fut Boyssone qui prit en main les intérêts de Dolet et qui lui choisit Nicolas Le Roy pour avocat[2].

Le 22 juin Boyssone écrit à Dolet la lettre suivante : « J’ai reçu votre De Re Navali, je vous en remercie bien vivement. J’ai fait remettre à Jean de Pins la lettre que vous lui avez adressée. Nicolas Le Roy, homme très savant qui est au premier rang de sa profession, vous a en grande estime et ne néglige rien qui puisse faire avancer vos intérêts et votre réputation. J’espère donc que, sous peu, l’argent vous sera remis, et des que je le recevrai je ferai en sorte qu’il vous parvienne aussi promptement que possible. Mais je sais que Chomard vous a écrit tout au long à ce sujet. Soyez satisfait des efforts que nous faisons tous pour vous être utile. Adieu, Toulouse, 22 juin 1537[3]. »

Mais un grand malheur devait bientôt frapper Boyssone et

  1. Il y a plusieurs épigrammes de Bourbon intitulées : In Zoilum, qui sont peut-être dirigées contre Dolet, mais elles ne s’adressent pas à lui aussi évidemment que celles de Voulté et de Sussanneau, aussi je ne me crois pas justifié à les citer comme des attaques contre Dolet.
  2. Nicolas le Roy était un ami de Calvin et de François Daniel. En 1534 il avait été professeur de droit à Bourges. Voyez Correspondance des Réformateurs dans les pays de langue française, II, 409.
  3. Man. Epist. Boyss., fol. XXXIV.