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ÉTIENNE DOLET

une ode adressée aux poètes français du jour, dans laquelle il figurait avec Dampierre, Brice, N. Bourbon et Voulté comme l’un des cinq poètes latins principaux de France. Cette découverte ne lui fit pas un mince plaisir, car Macrin était reconnu (et à bon droit) comme le premier poète latin de France, et on doit accorder à l’Horace français une place bien plus élevée qu’à aucun de ses contemporains. Dolet lui rendit le compliment en lui adressant un poème latin.

A son retour à Lyon, le pardon du roi en poche, Dolet s’aperçut qu’il n’était pas encore à l’abri de tout danger. Ses amis et protecteurs avaient-ils par ignorance négligé de faire ratifier ce pardon par le parlement, ou le parlement avait-il repoussé la requête, on ne sait. Toujours est-il qu’il ne fut enregistré que six ans plus tard, et pour cela il fallut deux rescrits signés de la main du roi et revêtus de son sceau. Cette formalité manquant, les autorités de Lyon, — déjà hostiles à l’accusé, — crurent qu’elles avaient le droit de ne tenir nul compte du pardon, et Dolet n’était pas plus tôt de retour que, soit à l’instigation de ses propres ennemis ou à celle des amis de Compaing, il fut mis en prison par le sénéchal de Lyon. Il y resta jusqu’au 21 avril 1537 ; à cette époque, grâce à l’influence de Jean de Peyrat, lieutenant-gouverneur de Lyon sous le cardinal de Tournon, il fut mis en liberté provisoire, à la condition de donner garantie de se tenir à la disposition de la justice. Il se vengea du sénéchal en écrivant une ode mordante publiée dans le volume de poèmes qui parut l’année suivante.

Les sentiments de vanité qui poussèrent Dolet à se vanter qu’il devait son pardon à sa seule énergie et à son courage, et à déclarer que ses amis l’avaient perfidement abandonné, furent probablement une des causes de l’éloignement qu’éprouva bientôt Voulté pour Dolet. Nous avons déjà vu le zèle affectueux dont ce dernier fit preuve pour secourir son ami.

Dans les deux nouveaux livres d’épigrammes insérés dans le volume qu’il publia à Lyon, vers le milieu de 1537, il parle de Dolet dans huit épigrammes et lui adresse les plus grands