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ÉTIENNE DOLET

trons dans une ville célèbre dans l’histoire, — Orléans, où je reconnais le berceau de mon enfance ; je couvre de baisers les bords qui m’ont vu naître.

« Puis, ayant renvoyé mon bateau, je traverse la plaine à cheval. Arriver auprès du roi est mon unique pensée. Aussi je dirige mes pas vers la grande et populeuse ville de Lutèce, où je sais trouver le roi François, le roi de France ; y a-t-il quelque chose au monde de plus auguste, de meilleur et de plus clément que tu puisses regarder, ô Soleil[1] ? »

À la nouvelle de cet événement et de cette fuite, les amis de Dolet firent tous leurs efforts pour le sauver. Ce malheur ne fut pas plus tôt connu de Voulté, — il était alors à Toulouse et avait déjà acquis une certaine réputation par la publication de ses deux premiers livres d’épigrammes, — qu’il partit pour Lyon, où il comptait trouver son ami en prison. Il était désireux de se mettre à la disposition de Dolet, de lui offrir ses bons services et sa bourse ; il voulait partager le sort de son ami si cela était nécessaire, et si, comme il le croyait, Dolet était banni, il était prêt, pour tenir une promesse qu’il lui avait faite autrefois, à l’accompagner en exil. À Lyon il apprit à sa grande joie que son ami était arrivé sain et sauf à Paris, et que, grâce à l’intervention d’amis puissants, il espérait obtenir son pardon du roi.

Une lettre écrite par Voulté à Jean de Pins (12 mars 1537) et imprimée dans le volume de ses épigrammes, nous dit l’inquiétude qu’il ressentait, et nous fait voir qu’on pouvait compter sur son affection et sur son dévouement ; — il était disposé à faire tous les sacrifices pour être utile à Dolet. Il semble croire, à ce moment, que Dolet obtiendra son pardon et il avait mis en jeu sans doute toute l’influence qu’il possédait pour obtenir ce résultat. Tant qu’il resta à Lyon, ses efforts ne se ralentirent pas. « Voulté », écrit de Toulouse Jean de Boyssone, « est absent depuis deux mois. Il est parti pour

  1. Doleti Cannina, p. 59.