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ÉTIENNE DOLET

ment dans l’église que la licence — pour ne pas dire plus — du Capitolo del Forno ne nuisit à l’avancement de La Casa. La renaissance païenne pour les lettrés, avec les règles et les formules ecclésiastiques pour le commun des hommes, fut ce qui convenait le mieux aux chefs éclairés de l’église dans la dernière moitié du quinzième siècle et au commencement du siècle suivant. Malheureusement, c’était là un état de choses qui ne pouvait durer. En Italie, Savonarole, tout en étant très orthodoxe, fut presque le seul à oser proclamer l’inutilité d’une foi qui n’avait aucune influence sur la vie, mais avec les flammes qui le consumèrent s’éteignit son prestige. Du reste il n’avait pas de sympathie pour la renaissance des lettres et il était réservé aux races plus vigoureuses du Nord, chez lesquelles la religion n’avait jamais été si complètement séparée de la morale et de l’action, de découvrir et de déclarer que les études littéraires avaient un côté pratique. Avant même que Luther engageât la guerre contre Rome, les savants du Nord, sans accepter le paganisme antique de l’Italie, mais aussi sans montrer aucune hostilité à l’église, avaient commencé à douter qu’il fût convenable d’abandonner à des moines ignorants la vie intellectuelle et l’éducation du peuple, et même à se demander si les revenus ecclésiastiques étaient toujours employés d’une façon convenable et utile. Les moines ne tardèrent pas à voir où les conduisait la Renaissance et, bien avant que l’église d’Italie se fût opposée aux études littéraires, les ecclésiastiques d’Allemagne et des Pays-Bas avaient commencé la lutte. Les écrits d’Érasme, bien que parfaitement orthodoxes au point de vue des dogmes, révélaient un état de choses qui était incompatible avec le système religieux d’alors, et immédiatement après la publication de l’Éloge de la Folie en 1511 (ou peut-être plus tôt) commença cette opposition de l’église dirigée contre les progrès intellectuels en Allemagne, dans les Pays-Bas et en France, et depuis elle n’a jamais cessé. En Italie, au contraire, les chefs de l’église s’aperçurent des tendances de l’époque