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ÉTIENNE DOLET

mon retour, je sais que Voulté vous a tenu fort au courant de tout. Je ne connais pas de meilleur correspondant que lui. Je ne veux pas que ma lettre vous éloigne des études qui vous absorbent tant.» (Toulouse, sept. 1536[1].)

Étienne Dolet à Jean de Boyssone.

«Mon état de santé est aussi satisfaisant que possible, et je travaille avec une grande ardeur. Si vous pouvez me donner d’aussi bonnes nouvelles de vous, quelle ne sera pas ma joie. Mes Commentaires m’occupent trop pour que je puisse vous en écrire plus long. Aussi je vous dis adieu ; aimez-moi toujours. Adieu. Lyon, 13 octobre 1536. Je vous prie de saluer en mon nom notre très docte et très cher ami Mopha. »

La personne dont il est question dans ce post-scriptum était le savant juriste Matthieu Gripaldi, nommé récemment professeur de droit à Toulouse ; il se faisait parfois appeler Mopha, nous ne savons pas pour quelle raison. Né à Chiéré, dans le Piémont, au commencement du siècle, il s’était consacré à l’étude de la jurisprudence avec succès et avait enseigné à Pise, à Pérouse et à Pavie avant d’être appelé à Toulouse. Il devint bientôt l’ami de Boyssone, de Voulté et de Dolet, à qui il fut probablement présenté par les deux autres pendant un séjour à Lyon. Il échangea pendant quelques années une correspondance suivie avec Boyssone. Comme tant d’autres érudits et professeurs de l’époque, il ne restait jamais longtemps dans la même ville, mais il allait d’une université à l’autre, tout à la fois comme étudiant et comme professeur. Partout où il se trouvait, il se faisait une réputation d’homme à idées larges et libérales ; le dogmatisme de Luther et de Calvin lui convenait aussi peu que celui de l’Église catholique. Toulouse n’était certainement pas le

  1. Manuscr. Epist. Boyss. fol. XVIII.