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CHAP. XIII. — TRAVAIL ET LOISIR

et ses cours, puisque l’université était rouverte et que professeurs et étudiants étaient revenus.

Ce fut pendant son séjour à Lyon que cette ville fit une perte irréparable en la personne de Sanctes Pagnino (août 1536). Ses funérailles se firent avec une pompe peu ordinaire et sa mort fut un deuil public. Le clergé pleurait le plus docte théologien et le prédicateur le plus populaire de Lyon ; grâce à son influence, les progrès de l’hérésie luthérienne avaient pu être arrêtés. Les gens de lettres regrettaient le plus illustre hébraïsant du siècle et les pauvres un homme plus dévoué aux œuvres de charité et de bienfaisance qu’à la science et à la théologie. C’avait été sur ses instances que le riche banquier Thomas de Gadagne avait fondé un hôpital pour les pestiférés[1]. Voulté assista sans doute aux funérailles de Sanctes Pagnino — il écrivit son épitaphe en vers élégiaques, qui ne sont pas de sa meilleure manière.

Boyssone et Voulté revinrent à Toulouse en août ou septembre 1536, et, vers la fin du mois, la correspondance de Boyssone et de Dolet reprit son cours.

Jean de Boyssone à Étienne Dolet.

« Peu après avoir quitté la Cour, mon cher Dolet, et tandis que j’étais fort occupé à réinstaller mon école de droit qui avait été fermée pendant tout l’été, au milieu des pérégrinations que je faisais dans toute la ville pour trouver des assistants, j’ai été attaqué par une grave maladie qui m’a rendu très souffrant pendant plusieurs jours. Grâce à Dieu, je suis tout à fait rétabli maintenant et je puis vous écrire. Il est inutile que je vous dise ce qui est arrivé ici depuis

  1. Le père de Colonia a réussi à prouver (Hist. litt. de Lyon, II, 595-601) que Sanctes Pagnino mourut en août 1536 et non pas en 1541, comme le dit l’inscription qu’on vit alors à l’église des Jacobins et ainsi que le veulent plusieurs ses biographes. Voyez aussi Péricaud : Notes et Documents pour servir à l’histoire de Lyon, 1483-1546, p. 37.