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CHAP. XIII. — TRAVAIL ET LOISIR

l’étude scientifique du droit, et voulait concilier les études de l’université avec les exigences de la littérature. Boyssone fit personnellement une très favorable impression sur lui et même sur les autres juges. Breslay employa toute son influence, publiquement à la cour et dans l’intimité auprès de ses collègues, pour sauver cet homme excellent de nouvelles persécutions. Il réussit à souhait : Boyssone avait dû revenir a Toulouse avant que le jugement fût prononcé, mais quelques jours après son arrivée, Guillaume Scève eut la satisfaction de lui écrire qu’il avait eu gain de cause. « Vous devez beaucoup à Breslay», écrivait-il, «beaucoup à vos talents littéraires ; la haute opinion que les juges s’en sont formée vous a été d’un grand secours[1]

Cette affaire retint Boyssone à Lyon pendant tout l’été. Ses cours de droit furent suspendus, et cette circonstance, ajoutée à l’incertitude dans laquelle il se trouvait au sujet de l’issue du procès, le remplit d’anxiété ; mais il n’en jouit pas moins extrêmement des rapports qu’il eut avec Dolet et avec les amis anciens ou nouveaux qu’il rencontra à Lyon. Outre ceux qui résidaient habituellement dans cette ville, il y trouva plusieurs personnes de distinction qui, amenées par la présence de la cour, avaient donné à Lyon l’aspect d’une capitale. Dolet et Boyssone eurent ainsi l’occasion de faire la connaissance de gens influents. Marguerite de Navarre accompagnait son frère. Elle connaissait déjà Boyssone, et, comme nous l’avons vu, un an auparavant, elle lui avait demandé de venir s’établir à Bourges, où sa cour se tenait ordinairement. Quelques mois après nous voyons qu’elle rend un grand service à Dolet, et il est probable que ce fut pendant le séjour de cette princesse à Lyon qu’il lui fut présenté. L’été semble avoir été très agréable pour lui ; non seulement Boyssone se trouvait à Lyon, mais Dolet avait le bonheur d’y retrouver un ami qui lui était encore plus attaché, Jean Voulté.

  1. Boyssone : Manuscr. Epist., fol. 19.