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CHAP. XIII. — TRAVAIL ET LOISIR

lequel avaient été dirigés les discours de Dolet ; mais les disputes entre les capitouls et les étudiants continuèrent et furent aggravées par une tentative déraisonnable et illégale de la part des premiers, qui voulurent faire payer un lourd impôt aux professeurs et aux membres de l’université, portant ainsi atteinte à leurs privilèges en une chose très importante et blessant indignement chacun d’eux. Les bourgeois approuvèrent généralement l’action des magistrats ; les maîtres protestèrent contre cet empiétement ; les étudiants, toujours prêts à se montrer, s’assemblèrent les armes à la main ; il s’ensuivit une émeute sérieuse entre bourgeois et escholiers, les autorités furent injuriées, un capitoul même fut renversé de sa mule. Les gardes de la ville reçurent l’ordre de s’emparer des meneurs, et, accompagnés par la populace, ils pénétrèrent dans l’école de droit, où un professeur, — Boyssone, paraîtrait-il, - faisait son cours. Le sang coula : six des étudiants français furent arrêtés et auraient été exécutés, s’ils n’avaient été sauvés, grâce à l’intervention de Jacques de Minut. Les étudiants s’enfuirent de Toulouse ; les salles des cours furent fermées, et les professeurs et régents en appelèrent au parlement.

Il parait que Boyssone et Voulté, sans être les promoteurs de cette démarche, y prirent une part active. Quelle fut la décision du parlement, nous l’ignorons ; en dernier lieu les poursuites de ce tribunal furent arrêtées et toute l’affaire fut remise au grand conseil. Matthieu Pac plaida la cause de l’université, mais sans succès, j’imagine, car aucun jugement ne fut rendu. Les choses, toutefois, n’en restèrent pas là : les étudiants firent valoir leurs griefs et Guy Breslay, l’un principaux membres du grand conseil, fut envoyé a Toulouse pour instruire l’affaire. Là encore nous n’avons aucun renseignement sur l’issue des débats, mais il semble probable que les membres de l’université eurent gain de cause, puisque Boyssone reprit ses cours ; de plus, nous sommes certain que Breslay était prêt à défendre la cause des lettres