Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
245
CHAP. XI. — LES COMMENTAIRES

mais certainement la plus intéressante digression du livre, celle où, dans un style trop fleuri, il faut l’avouer, il retrace l’histoire de la littérature depuis le commencement de la renaissance des lettres, et où il énumère ceux qui ont le plus contribué à produire cette renaissance[1]:

« Ayant expliqué les mots qui se rapportent aux idées de mouvement et de repos, je passe à ce qui est le résultat du repos et du loisir, aux Lettres. Il est évident que les études littéraires sont engendrées par le loisir et qu’elles ne sauraient exister sans lui ; mais avant d’expliquer les mots qui se rattachent à cette question et avant de montrer leur emploi, qu’on me permette d’exprimer les délices que je ressens à voir la belle place occupée par la littérature qui, à notre époque, fleurit de si remarquable façon.

« Les études littéraires sont cultivées partout avec tant d’ardeur que, pour arriver à la gloire des anciens, il ne nous manque rien, si ce n’est l’antique liberté de penser et la perspective de se voir distingué quand on se consacre aux arts libéraux. Ce qui fait défaut aux savants, c’est l’affection, la libéralité, la courtoisie des puissants ; le patronage d’un Mécène est un stimulant nécessaire pour faire éclore le talent et pour encourager le travail. Il nous manque encore ce qui favorise l’éloquence : un sénat romain, une république, dans laquelle les honneurs et les éloges qui sont dûs à l’art oratoire, lui fussent accordés ; de cette manière, les natures les plus paresseuses seraient réveillées, et ceux qui possèdent naturellement les qualités de l’orateur seraient enflammés au plus haut degré. Au lieu de ces encouragements à l’étude des arts libéraux, on remarque, chez un grand nombre de personnes, un certain mépris pour la culture littéraire. On couvre de ridicule ceux qui sont voués aux choses de l’esprit ; il faut travailler sans espoir de recompense ; les gens studieux ne connaissent pas les honneurs ; il leur faut supporter le

  1. Col. 1156.