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CHAP. XI. — LES COMMENTAIRES

met cruellement en relief le plus mauvais côté du caractère de l'écrivain. Dans son second volume il en était au mot pacisci[1], lorsqu’arriva la nouvelle de la mort du grand érudit. Il met aussitôt sa haine de côté, car, comme il le dit dans un autre passage, il ne faisait pas la guerre aux morts, il s’arrête pour rendre un hommage ardent et généreux aux mérites de l’auteur du Ciceronianus , dans une ode qui n’est pas la moins heureuse de ses productions. « Pendant que j’écrivais», dit-il, «la nouvelle de la mort d’Érasme s’est répandue dans Lyon. Pourquoi devrais-je parler encore ici de nos querelle? Je veux seulement que la postérité sache que tant qu’il a vécu, je me suis montré souvent hostile à son égard, mais qu’aujourd’hui qu’il n’est plus, je désire me montrer juste et bienveillant envers lui et le traiter avec une modération dont il n’a pas fait preuve envers les autres. L’ode suivante est un témoignage des bons sentiments que j’éprouve pour lui. »

Puis il transcrit une ode dans laquelle il nous dit qu’il a fait la guerre à Érasme vivant, comme ennemi de Cicéron et des Français ; il ajoute que, ce grand homme étant mort, il sent que l’Allemagne et la littérature ont perdu l’un de leurs plus glorieux ornements[2].

  1. Col. 151.
  2. Quondam bella ferocia
     Cum inter se atque duces Romulidæ, atque Afri
    Ducebant animosius :
     Tum, donec validus, vivus et integer
    Frendensque, atque minans erat
     Hostis, eui gladio cominus aggredi,
    Et telo appetere undique
     Non laudabile, non egregium fuit ;
    Ergo, dum fuit integer,
     Et pugnæ cupidus, spicula senserit
    Nostra hostis Ciceronis, et
     Galli (quæ rabies:) nominis insolens.
    Jam jam parcere mortuo
     Mens est, nec tacitam carpere postea
    Larvam vulnifico stylo.
     Defunctum meritis sic modo laudidus