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ÉTIENNE DOLET

Quinte-Curce, Columelle et Horace. Le premier volume est à peu de chose près un commentaire sur l’usage que fit Cicéron des mots dont il est question ; Térence et Plaute toutefois sont cités de temps en temps. Le second volume comprend un plus grand nombre d’auteurs, mais Cicéron y règne toujours en maître. Si l’on considère que Dolet n’avait que vingt-sept ans, lorsque parut le premier volume , on doit reconnaître qu’il fait preuve d’une connaissance profondément remarquable de la langue de Cicéron, de Térence et de Plaute et qu’il montre une admirable élégance et une grande facilité à manier l’idiome latin.

Mais l’intérêt et la valeur de l’ouvrage au point de vue de l’érudition latine est purement historique ; il en est de même des premières éditions du dictionnaire de Robert Estienne. L’intérêt qui subsiste aujourd’hui, quand on lit les Commentaires, réside dans les nombreuses digressions et notes que Dolet aime à faire. Ces hors-d’œuvre sont souvent autobiographiques, ou se rapportent à des érudits contemporains que l’auteur aimait ou haïssait ; ils offrent toujours des renseignements précieux. Dolet n’était pas un de ces écrivains qui négligent de parler d’eux-mêmes, ou qui permettent au lecteur d’ignorer qui ils sont. Qu’il écrive de l’histoire, de la poésie ou de la critique, son amour-propre ne l’abandonne jamais, et le sujet qu’il traite est un miroir où l’on voit passer sa vanité, son désir de gloire littéraire, ses querelles, ses amitiés, ses haines. Il en résulte que tous ses livres, quelque imparfaits qu’ils soient comme œuvre d’art, contiennent beaucoup de choses curieuses, et l’on ne sait jamais ce qu’on y trouvera. Ainsi comme exemple du mot Tangere, il donne : « Genabum prœclarum Galliœ oppidum (in quo et natus et ad duodecimum annum adolescens educatus sum) Ligerum fluvium tangit : id est juxta Ligerum est conditum.» Il fait l’éloge de Longueuil, de Budé et de Simon Villanovanus, il déplore la mort cruelle de Thomas More et (dans son premier volume) il attaque Érasme avec une violence qui, là, comme dans son dialogue,