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ÉTIENNE DOLET

Sébastien Gryphius, imprimeur ordinaire de notre ville de Lyon, nous a fait dire et remontrer qu’il était après à imprimer à ses grands frais, mises et dépens, et au plus grand profit et promotion des lettres latines, un livre intitulé : Commentaires sur la langue latine, par Estienne Dolet. » Et permission est accordée à Gryphius pour quatre années d’imprimer ledit ouvrage, et défense est donnée à tous les autres typographes de prendre les mêmes droits sous peine d’amende et de confiscation de leurs livres.

Les Commentaires sur la langue latine sont l’ouvrage sur lequel doit se fonder la réputation de Dolet comme latiniste. Depuis douze ans il y travaillait, car il nous apprend que ce fut avant d’aller à Padoue qu’il avait résolu d’écrire ce livre, dont la composition paraît avoir été, à partir de ce moment, son plus grand souci. Le premier volume parut en 1536, au mois de mai ou peu après ; et bien qu’aujourd’hui cette œuvre n’offre pas un vif intérêt au savant, c’est, sans nul doute, l’un des livres d’érudition latine les plus importants qu’ait produits le seizième siècle. Il représente un immense travail et est le résultat d’une longue et sérieuse étude de Cicéron, ainsi que de beaucoup d’autres auteurs latins ; et tous ceux qui l’ont lu avec attention reconnaîtront qu’il n’avait encore jamais paru d’ouvrage aussi utile pour ceux qu’intéressait la littérature latine. D’un autre côté je ne suis pas de l’avis de ceux qui placent les Commentaires au-dessus de toutes les œuvres contemporaines consacrées à l’érudition latine. Ici pas plus qu’ailleurs Dolet ne fait preuve d’une grande puissance critique ou de beaucoup d’habileté ; et si l’on compare les Commentaires de Dolet au Thesaurus latin de Robert Estienne, il nous semble que la première place pour ce qui est de l’érudition doit être accordée à ce dernier. La publication (de la seconde édition) du Thesaurus d’Estienne est considérée par Hallam comme faisant époque dans l’histoire de la philologie latine[1]

  1. Hallam dit que la publication du Thesaurus d’Estienne eut lieu en 1535 et