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CHAP. XI. — LES COMMENTAIRES

à le croire, à ne considérer que l’insignifiante étendue de leurs domaines. Ce furent les instigations pressantes de Messeigneurs de Berne qui produisirent ce que l’influence puissante de Marguerite de Valois n’avait pas pu produire en d’autres circonstances semblables et qui sauvèrent du bûcher le grand citoyen de Genève, Baudichon de la Maison Neuve, condamné comme hérétique par l’inquisiteur général et les officiaux de l’archevêque de Lyon et livré au bras séculier. Mais les persécutions de l’hiver de 1554-55 avaient porté un rude coup à l’amitié que les seigneurs de Berne avaient pour François Ier. Afin de se concilier les réformateurs allemands et suisses, un édit fut publié le 16 juillet 1536, par lequel le roi ordonnait que l’on cessât les persécutions contre les protestants et qu’on délivrât tous ceux qui avaient été mis en prison pour des délits religieux. Les restrictions sévères imposées à l’imprimerie cessèrent à la même époque d’avoir leur effet, et encore que le retour triomphal de Charles-Quint eût trompé l’espoir de François Ier, la guerre fut déclarée ; et pendant près de trois années, jusqu’à la paix de juin 1538, les réformateurs furent tolérés et laissés en repos. Charles désirait alors sincèrement la paix, et les négociations furent entamées aussitôt dans l’espoir de faire donner droit aux prétentions du roi sur le duché de Milan, mais tous les efforts furent inutiles. Les hostilités commencèrent ; et, désirant se trouver près du théâtre de la guerre et diriger la campagne en personne, François Ier fit son entrée dans Lyon le 7 février 1536. Il resta dans le midi de la France pendant la plus grande partie de l’année, mais il venait fréquemment à Lyon ; le 21 mars, Dolet eut la satisfaction d’obtenir ou plutôt de voir Gryphius obtenir le privilège qu’il desirait depuis longtemps. Il est daté de Crémieu, petite ville qui se trouve à environ six lieues de Lyon, où le roi tenait alors sa cour ; ce document est adressé au prévôt de Paris, au bailli de Mâcon, au sénéchal de Lyon, et à tous les autres officiers de justice et a leurs lieutenants. Il commence en ces termes : «Notre cher et bien-aimé maître