Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
230
ÉTIENNE DOLET

que ce ne serait pas un mince mérite pour un ouvrage d’avoir pour auteurs Villanovanus et Dolet.»

Dolet répondit le 31 août[1]: «Pour ce qui concerne mes Commentaires sur la langue latine, je me ris des mensonges des envieux, et je juge cette affaire comme vous le souhaitez. Aucune calomnie ne m’a encore abattu, et les tentatives qu’on fera à l’avenir pour m’écraser réussiront d’autant moins que je m’endurcis de jour en jour davantage contre les absurdités des hommes. Que ces brutes de Toulousains attendent que mon livre soit publié, et alors, s’ils ont quelque jugement, qu’ils le jugent avec connaissance de cause. Peuvent-ils, croyez-vous, m’attaquer pour le moment sur des questions qu’ils ne connaissent pas ? Afin que vous puissiez vous faire une idée plus vraie et plus juste de mon ouvrage, je vous ai envoyé une feuille d’épreuves comme spécimen, car l’impression est commencée. »

Cependant les projets politiques et l’ambition du roi avaient donné quelque répit et quelque espoir au parti de la réforme. Charles-Quint faisait une expédition contre les pirates de Tunis, et lui déclarer la guerre pendant qu’il accomplissait cette tâche pieuse et chrétienne aurait excité l’horreur de l’Europe civilisée. François Ier comptait que cette expédition ne réussirait pas ; il espérait assister à la défaite et à l’affaiblissement de son rival, et il se préparait à déclarer la guerre dès que l’empereur serait de retour ; mais il fallait dans l’intervalle trouver des alliés. Les princes luthériens d’Allemagne avaient été indisposés et irrités par les persécutions qui suivirent l’affaire des placards. Les « seigneurs magnifiques de Berne » étaient encore plus intéressés que les princes allemands à ce que l’on se montrât tolérant pour les réformateurs. Leur influence s’étendait si loin sur les territoires de l’est de la France, de Genève à Bâle, que leur alliance était bien plus importante pour François Ier qu’on ne serait disposé

  1. Ibid. fol. I.