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CHAP. XI. — LES COMMENTAIRES

latine (ouvrage représentant un immense travail, faisant preuve d’un jugement précis et livre merveilleux venant d’un si jeune homme), pour la plus grande utilité de tous ceux qui aiment cette langue, il n’a pas trouvé d’opposition plus violente que celle de ceux dont il avait quelque raison d’attendre des marques de reconnaissance pour avoir fait cette belle œuvre. Mais je désire que de pareilles pestes ne cessent point de fleurir dans la république des lettres, car tout en s’ efforçant de porter préjudice à la gloire naissante des érudits, elles aident à l’établir d’une manière très efficace. »

Dolet revint à Lyon au commencement de l’année 1535, probablement avant la publication du Dialogue, qu’il devait prendre soin de faire imprimer aussitôt. Les deux années qui suivirent (1535 et 1536) furent deux des plus paisibles et probablement des plus heureuses de sa vie. Il n’était pas dans sa nature de vivre sans querelles et sans disputes, et les injures que lui valut son Dialogue cicéronien ne firent sans doute que donner quelque saveur à la monotonie de son existence d’alors. Son temps se passait à corriger et à surveiller l’impression du premier volume de son grand ouvrage, à étudier pour lui, à préparer des éditions pour Gryphius[1]

  1. Après avoir examiné, sans résultat, environ quatre-vingts volumes, dont la plupart étaient des éditions des classiques latins, imprimées par Sebastien Gryphius (1534-l538) dans l’espoir de découvrir le style de Dolet dans des notes ou notices, j’ai trouvé enfin une édition des discours de Cicéron, portant la date de 1536 : dans la dédicace ou préface adressée au cardinal du Bellay, j’ai découvert la manière de Dolet, bien que Gryphius soit censé avoir écrit ces quelques pages. J’ai noté un long passage qui est identique avec un passage des commentaires (I. 266), et il est suivi d’une ode latine ad eundem qui parut ensuite dans les Carmina de Dolet, et qui est adressée à Francois Ier, (La dédicace est datée de janvier 1536, sans doute 1537 nouveau style). Née de la Rochelle (Vie de Dolet, p. 33) nie que Dolet ait jamais été employé par Gryphius comme correcteur d’imprimerie. Il dit qu’il corrigea l’édition des œuvres de Marot publiée par Gryphius en 1538, par pure amitié pour l’auteur de Susanneau cité dans le texte est pour Née de la Rochelle une preuve que Dolet ne fut pas correcteur d’imprimerie. Il dit : « Est-ce que Gryphius, vivant avec Dolet, aurait chargé Susanneau de la correction des œuvres de Cicéron, quand il avait sous la main un ami qui connaissait si bien cet auteur ? » Suivant moi, Susanneau confirme l’assertion de Scaliger dans sa lettre à Le Ferron