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CHAP. X. — LES CICÉRONIENS

que d’autres que moi vous aient déjà tenu au courant, je dois vous dire que l’amertume de votre langage, que vous m’aviez promis autrefois d’adoucir, a produit un mauvais effet sur un grand nombre de personnes, car, dit-on, vous n’auriez pas dû attaquer si violemment un vieillard qui a rendu de si grands services à la littérature. Le bruit court que les Allemands se préparent à vous attaquer vigoureusement afin de venger la dignité blessée d’Érasme. Quoi qu’il arrive, j’espère que ces choses ne vous troubleront pas, mais que vous conserverez la fermeté inébranlable dont vous avez toujours fait preuve. Tout ce que je vous demande, c’est de faire en sorte qu’il ne vous semble pas inévitable d’offenser les gens bons et pieux. Vous comprendrez, j’en suis sûr, ce que je veux dire. Mais je reviendrai là-dessus quand nous nous verrons, car j’ai l’intention d’aller à Lyon, si le roi y va. Si vous désirez savoir ce qui se passe ici, je vais vous le dire. Six étudiants français sont menacés de la peine capitale ; ils auraient même été déjà condamnés à la potence, sans la prudente intervention de Minut qui est l’ami dévoué non seulement des Français, mais de tous ceux qui étudient sérieusement. Je ne sais quel mauvais esprit pousse Toulouse à toujours persécuter les travailleurs. Toutefois cette persécution même rend leur nom d’autant plus illustre. Si après tout ils sont mis à mort, je ne pourrai supporter la vue de leur supplice, et j’irai quelque part pour n’en point être témoin. Mais assez de ce sujet, qui me cause le plus profond chagrin chaque fois qu’il me revient à l’esprit.

« La Reine de Navarre a passé quelques jours à Toulouse dernièrement. Je suis vraiment étonné de l’aimable réception qu’elle m’a réservée, bien que je ne la connusse pas personnellement. Elle m’a vivement demandé de venir m’établir à Bourges, et qui sait si, un jour ou l’autre, je ne me déciderai pas à accéder à son désir. Adieu ».

Dolet répondit à cette lettre le 31 août[1]: « J’ai résolu,»

  1. Correspondance manuscrite de Boyssone (Bibliothèque de Toulouse), fol. 1.