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CHAP. IX. — LYON

à Lyon, où il se lia bientôt avec plusieurs des hommes de lettres les plus en vue, sur lesquels il semble avoir fait une impression très favorable. Hortensio Lando était alors à Lyon, surveillant l’impression de son Cicero Relegatus et Cicero Revocatus qui allait sortir des presses de Gryphius. Il n’est pas improbable que Dolet l’eût rencontré en Italie. Il est certain qu’à ce moment l’un et l’autre étaient dans les meilleurs termes. Ce fut alors que Dolet se lia avec Maurice et Guillaume Scève et qu’il connut l’homme illustre dont le nom a toujours été associé au sien, le plus grand génie du siècle, François Rabelais, dont il gagna bientôt l’amitié. Rabelais était arrivé à Lyon au commencement de l’année 1532, venant de Montpellier ; il n’avait encore rien publié, mais sa réputation de médecin, de savant et surtout d’homme d’esprit l’avait précédé ; et à peine était-il installé dans la capitale intellectuelle du Midi que deux imprimeurs et libraires voulurent s’assurer ses services : l’un était Sébastien Gryphius, Rabelais prépara pour lui une édition de certains fragments apocryphes de Cuspidius qu’il croyait authentiques, écrivit et signa plusieurs préfaces latines et publia le texte et une traduction revisée des Aphorismes d’Hippocrate ; l’autre était Claude Nourry, l’imprimeur du vulgaire qui publiait des ouvrages en langue française, Rabelais écrivit pour lui, en gardant l’anonyme toutefois, des recueils de pronostications, et des almanachs comiques et satiriques[1] ainsi que « les grandes et inestimables chroniques de Gargantua » ; ce fut encore des presses de Nourry que sortit le premier livre du divin Pantagruel, quelque temps avant l’arrivée de Dolet à Lyon. Pour la première fois la comédie humaine était fidèlement représentée, de façon grossière et profane,

  1. Michelet (Hist. de France, XVIe siècle), dit que Rabelais écrivit pour Dolet et autres libraires des publications populaires d’almanachs et de satires». Il ne cite aucune autorité à l'appui de cette affirmation qui est certainement erronée, au moins en ce qui concerne Dolet. Dolet n’imprima aucun almanach, aucune satire, ni aucun ouvrage de Rabelais, si ce n'est Gargantua et le premier livre de Pantagruel dont l’édition sortie de ses presses