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CHAP. IX. — LYON

l’exposer aux plus graves dangers, tant que Béda gardait son poste de la Sorbonne et que Lizet était premier président du parlement, tout cela était plus qu’un manque de tact, c’était une action qui devait être censurée sévèrement surtout quand on voit que, pour les lettres de Le Ferron, le texte n’est pas absolument respecté, quelques expressions y sont changées peut-être pour flatter davantage l’irritable vanité de Dolet[1]. Néanmoins, pour être juste envers Dolet, nous devons dire qu’il a pu omettre certains passages dont la publication pouvait, selon lui, être désapprouvée par ses amis, et que, pour ce qui est de Le Ferron et de Boyssone, le procédé de Dolet ne les brouilla pas avec lui — ils crurent ou prétendirent croire à la fiction transparente de Finet, ou bien encore par amitié pour Dolet, ne voulurent-ils pas approfondir sa conduite, qu’expliquent probablement sa suffisance et son talent de jeune homme.

La lettre de Chrysogon Hammonius est suivie d’une ode de Guillaume Scève[2], à Dolet, dans laquelle, après avoir déploré la fin prématurée des deux lumières de la France, Longueuil et Simon Villanovanus, morts en Italie, le poète dit que la Gaule met son espoir en Dolet et compte sur lui.

Après les discours viennent deux livres de lettres de Dolet dont j’ai déjà donné de nombreux extraits[3] ; puis un livre de

  1. Voyez la lettre de J. C. Scaliger à Le Ferron, VIII. Amœnitates de Schelhorn, 584 : « Quid enim perfidiosius quam amicos inter se committere ? Épistolas ad se abs te datas invertisse ? Aliis alia verba substituisse ? delevisse ? induxisse ? » Cette lettre nous fait voir que Le Ferron et ses amis avaient de sérieux motifs de plaintes contre Dolet au sujet de la publication de cette correspondance.
  2. G. Scève semble avoir été alors l’éditeur, le lecteur et le correcteur de l’imprimerie de Gryphius.
  3. Voici le catalogue de ces lettres : Sept sont attribuées à Boyssone, six à Bording, cinq à Breslay, quatre à Jean de Pins, trois à Le Ferron, trois à Jean de Langeac, trois à Pierre du Châtel, deux à Budé, deux à Finet, deux à Eustache Prévost, deux au président Minut, une à François de Langeac, une à Claude Cottereau et enfin une à chacune des personnes dont les noms suivent : Thomas Cassander, Jean Maumont, Arnold Fabrice, Jean Clausane, Jacques Calancone, Jacques Rostagno, Claude Barro, Jean Lepide et Claude Sonnet. La remarque si juste que Hallam fait sur les cicéroniens d’Italie peut trouver